Intervention de Hélène Luc

Réunion du 19 mars 2005 à 15h00
Avenir de l'école — Article 8 et rapport annexé

Photo de Hélène LucHélène Luc :

Les médecins et les infirmières partagent légalement les responsabilités médicales ; les infirmières doivent donc apparaître nommément dans le rapport.

Par ailleurs, les infirmières - j'utilise le féminin parce qu'en général ces personnels sont des femmes - détectent, sur le terrain, les problèmes de santé individuels des jeunes et assurent un travail non seulement de prévention mais aussi d'alerte.

Souvent, lorsqu'un élève se rend à l'infirmerie pour un problème semble-t-il bénin, l'infirmière se rend compte que les choses sont en fait beaucoup plus sérieuses : il peut s'agir, par exemple, d'un élève qui commence à consommer du cannabis, qui a des problèmes familiaux importants ou qui ne mange pas assez, ou encore d'une élève qui vient chercher la pilule du lendemain. D'autres exemples pourraient être cités.

Il est donc important de réaffirmer le rôle majeur joué par ces infirmières et infirmiers de l'éducation nationale.

Ce souci de réaffirmer leur rôle répond d'ailleurs à un principe de précaution.

Les tentatives récentes du Gouvernement pour confier la responsabilité de la médecine scolaire aux collectivités locales ont échoué devant les protestations de l'ensemble de la communauté éducative. Mais le retrait de cette mauvaise proposition n'est peut-être pas définitif, encore que, dans ce cas, les réactions seraient sans doute vives, monsieur le ministre !

Par ailleurs, nous considérons que le médecin scolaire fait partie de la communauté éducative, non pas en raison d'une mission d'éducation proprement dite dont il serait investi mais du fait de l'importance particulière du suivi médical dans les établissements d'enseignement élémentaire ou secondaire.

Sans médecine scolaire, quelles sont les chances d'un écolier de huit ou neuf ans qui est en bonne santé ? Que va devenir un collégien non informé des dangers liés aux comportements à risques ?

Vous m'objecterez peut-être que cela relève de la responsabilité des parents. Mais, hélas ! pour trop de familles encore, la santé reste un luxe.

Assurer l'égalité des chances à l'école est fondamental, mais ce n'est pas suffisant. Pour vaincre les inégalités, il convient également de garantir le droit à la santé pour tous.

Ainsi, le conseil général du Val-de-Marne organise chaque année une « quinzaine de la santé », autour de thèmes tels que la diététique mais aussi l'éducation sexuelle.

A l'occasion de cette quinzaine de la santé, nous avons constaté que certains élèves arrivaient le matin à l'école sans avoir mangé. Nous avons alors aidé à l'organisation de petits-déjeuners. Nous avons ensuite découvert que des enfants ne prenaient aucun repas le midi, qu'ils allaient manger les restes à la cantine. A partir de là, nous avons mis en place une aide à la demi-pension, ce qui a permis d'accroître de 38 % le nombre des collégiens prenant chaque jour un vrai repas, au moins le midi.

C'est pourquoi nous continuons à demander que tout soit mis en oeuvre pour détecter les difficultés, qu'elles soient d'ordre social, familial ou de santé, dès l'école maternelle et l'école primaire, et qu'il y soit remédié non seulement grâce à des outils pédagogiques adaptés mais également à travers un partenariat de l'école avec le secteur médico-social et l'ensemble des professionnels de la santé.

C'est dire l'importance, monsieur le ministre, des centres de crise psychiatrique pour enfants, pour lesquels les crédits manquent cruellement.

Le suicide des enfants - leur nombre est en augmentation, nous le savons - est une très grande préoccupation. La prévention de ces suicides constitue, pour nous, une véritable mission qui, au même titre que l'éducation, doit rester de la compétence de l'Etat et se voir dotée de crédits plus importants.

Enfin, monsieur le ministre, faites-moi la faveur de répondre à une question : comment appréhendez-vous le problème d'une infirmière, ou d'un infirmier, par établissement ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion