C’est cela que nous proposons aux Russes !
Au Levant, la France agit aussi au Liban. Ce pays doit être soutenu, car il est la victime des forces contraires qui déchirent le Proche-Orient. Il traverse une crise institutionnelle, aggravée par le contrecoup du conflit en Syrie, qui a conduit plus d’un million de réfugiés sur son sol. Par ses contacts avec toutes les parties, la France est prête à faciliter l’élection d’un nouveau président, dont dépend l’indispensable déblocage de l’impasse institutionnelle actuelle. Nous sommes d’ailleurs en train de préparer la réunion d’un groupe international de soutien au Liban.
Au-delà du Liban, c’est toute la région qui est confrontée à une crise humanitaire sans précédent. Aussi la France apporte-t-elle son appui aux pays voisins de la Syrie. Elle participe pleinement à l’effort collectif de l’Union européenne, qui a consacré plus de 5 milliards d’euros à une aide humanitaire, économique et de stabilisation. Le 4 février dernier, à l’occasion de la conférence de Londres, l’Europe s’est engagée à débloquer 3 milliards d’euros supplémentaires.
La France travaille également, avec l’Union européenne, pour répondre à l’afflux massif de réfugiés et de migrants qui résulte de cette crise humanitaire. Elle le fait dans l’urgence, en luttant contre les passeurs. Elle le fait aussi de façon plus durable, en dotant l’Union européenne des moyens d’assurer pleinement le contrôle de ses frontières extérieures. C’est l’objectif de la mise en place du corps européen de garde-frontières et de garde-côtes, qui a été décidée rapidement. C’est aussi celui de la modification du code frontières Schengen pour permettre les contrôles systématiques au passage de la frontière extérieure, afin d’assurer la sécurité de tous les Européens et de les protéger.
Mesdames, messieurs les sénateurs, d’aucuns ont affirmé que la France était effacée. Il n’en est rien ! Dans les domaines que je viens d’évoquer, non seulement la France est engagée, mais elle est en permanence à l’initiative. Toutes les réformes que j’ai citées ont été proposées par la France, souvent en concertation avec l’Allemagne : ce sont nos deux pays qui cherchent à faire progresser l’Europe dans l’élaboration de réponses aux questions essentielles que vous avez soulevées.
L’Union européenne agit en responsabilité et avec solidarité, même s’il est vrai que tout le monde ne prend pas sa part à l’effort commun. L’accord conclu avec la Turquie au mois de mars dernier respecte ces principes de responsabilité et de solidarité. Il a permis une baisse significative des flux de migrants. Nous devons veiller à sa bonne application, dans l’intérêt des réfugiés, de la Turquie, qui en accueille plus de 3 millions et dont nous devons à cet égard saluer l’effort, et de l’Union européenne.
Il nous faut donc dialoguer sans relâche avec la Turquie, qui est acteur de la crise en Syrie, où elle se défend, elle aussi, contre le terrorisme. Ainsi, c’est dans un esprit de partenariat que je me rendrai à Ankara la semaine prochaine. Toutefois, ce dialogue doit reposer sur la clarté et la transparence. En tant que membre du Conseil de l’Europe, la Turquie doit respecter des valeurs telles que l’État de droit. De même, la perspective de libéralisation du régime des visas ouverte par l’accord avec l’Union européenne ne pourra se concrétiser que lorsque tous les critères auront été mis en œuvre. Enfin, nous le savons tous, les négociations d’adhésion sont conduites sans préjuger du résultat final.
La coopération avec la Turquie en matière de sécurité a également été évoquée. Elle se déroule de façon satisfaisante, notamment entre services de renseignement et de sécurité. C’est ainsi que nous échangeons des informations qui permettent d’empêcher l’arrivée de djihadistes sur notre territoire ou le départ de candidats au djihad vers la Syrie ou l’Irak.
Mesdames, messieurs les sénateurs, je ne saurais conclure sans dire quelques mots du conflit israélo-palestinien, …