Monsieur le Commissaire général, je suis heureuse de vous avoir entendu ce matin, mais la lecture de votre document m'a effrayée. Je suis Lorraine et lorsque j'entends ce genre de diagnostic, je ne peux m'empêcher d'avoir en tête un discours dévalorisant. Il ne faut jamais négliger l'humain qui reçoit ce genre de document. Dans le Nord-Est, durant les années 50, nous étions riches et beaux tant nos territoires étaient prospères. Les mineurs étaient financièrement à l'aise avant que ne survienne la désindustrialisation, sans qu'elle ne soit anticipée. Rien n'a été fait pour permettre aux ouvriers de se former à d'autres métiers que le leur. Nous avons remplacé une mono-industrie par les usines automobiles. Heureusement que nous avons le Luxembourg près de nous, car sans cette proximité, nous serions en-deçà du taux moyen d'emploi en France. Cette idée du déclassement est fortement ancrée dans les têtes, tel le petit haut-fourneau cher à Jacques Chérèque. Nous partageons l'idée désormais que nous sommes incapables de nous en sortir.
S'agissant de la concentration, il faudrait sortir de l'idée qu'à l'étranger, la situation est meilleure. Effectivement, notre politique sociale publique est pertinente et doit surtout être maintenue, contrairement à ce que préconisent certains.
Enfin, sur l'université et l'école, dans les territoires où le savoir-faire ouvrier existe, la perspective d'études longues n'est pas inscrite dans l'esprit des familles. Le summum dans mon enfance était de devenir institutrice. Il faut élargir l'horizon des populations aux valeurs traditionnelles en leur ouvrant l'esprit par de nouveaux moyens de culture, à l'école et dans les familles.