La formation professionnelle est un échec collectif et ce n'est pas satisfaisant. Nos études ont d'ailleurs mis au jour le déficit de compétences dont souffre la France et qui résulte, pour partie, de la formation professionnelle. Nous avons pourtant conduit trois réformes en dix ans dans ce domaine. Il est difficile de faire retourner à l'école ceux qui en sont sortis de manière initialement peu satisfaisante et l'on a tendance à concentrer la formation sur ceux qui savent déjà. C'est un sujet prioritaire, car la France ne dispose pas aujourd'hui du niveau de compétences de ses actifs requis par son niveau de développement, ainsi que par ses ambitions en matière de compétitivité.
Je suis également d'accord avec la notion de bassin de vie qui représente, à mes yeux, l'échelle de la citoyenneté. C'est une véritable unité. Rapprocher la carte politique et administrative de la carte socio-économique de la France est une logique vers laquelle il faut tendre, en préservant l'attachement aux structures qui existent. Plus on le fera, plus la démocratie fonctionnera de manière satisfaisante, en assurant l'efficacité de la décision publique. C'est également une question de démocratie.
Sur les questions du vote et de l'éloignement des rurbains, il est frappant de constater que la clef territoriale explique les comportements électoraux en France et ailleurs. Si l'offre d'enseignement supérieur n'explique pas tout, encore faut-il qu'elle réponde aux impératifs de qualité et de quantité. On ne peut naturellement développer partout des universités car ces dernières doivent attirer des professeurs et des étudiants de qualité. Le bon équilibre territorial, du point de vue universitaire, est ainsi délicat.
Il faut en effet bien réfléchir aux conséquences du Brexit. Les discours, prononcés par Madame Theresa May lors du congrès du Parti conservateur, développent une nouvelle doctrine combinant de manière assez étonnante, un interventionnisme marqué, une préférence nationale assez explicite et l'ambition d'une ouverture sur le monde entier en phase avec l'apologie du libre-échange britannique traditionnel. Sa cohérence ne m'apparaît pas de prime abord, mais le Brexit représente avant tout un choc politique. Son déroulement au Royaume-Uni, la manière de parvenir à un nouvel équilibre et les répercussions sur le continent sont tout à fait essentielles. Je ne suis cependant pas certain de reprendre la division qui vient d'être évoquée entre les deux modèles économiques, mais je crois que cette situation est tout à fait importante.
La bonne taille des métropoles est une question pertinente. La volonté d'être normatif achoppe néanmoins face aux dynamiques propres. Il me semble que la création d'une dynamique relève d'un certain effet de seuil. Il ne s'agit pas pour autant de privilégier la création de super-métropoles qui induisent des phénomènes de congestion, de pouvoir d'achat ou de coût du foncier. Il est certain qu'il faudrait corriger du coût de la vie les données afin de mieux saisir les conditions de vie des populations sur les territoires. Nous disposons des éléments pour le faire.
Sur l'égalité des chances par rapport à d'autres pays, une étude a été conduite aux Etats-Unis. Nous allons regarder celles qui ont été conduites sur d'autres pays, si elles existent. Rédiger un rapport sur les métropoles est une excellente idée.
S'agissant de la situation du Sud-Ouest, l'existence de Bordeaux et de Toulouse constitue une chance pour cette région. L'articulation des territoires ruraux avec les métropoles demeure tout à fait essentielle. L'échelle de la Silicon Valley est ténue et les investissements s'y font à des distances minimales, malgré le coût du foncier.
Sur la formation professionnelle des chômeurs, je suis d'accord sur le constat qui a été fait. L'Etat peut-il encore agir en stratège ? Nous allons prochainement publier un travail sur les pôles de compétitivité, dont les effets, évalués dans la durée, vont au-delà des effets mécaniques directs induisant le juste retour des investissements, grâce aux actions de recherche et développement. Les pôles de compétitivité constituent ainsi des outils d'interventionnisme moderne et fournissent, du fait de la diversité des thématiques qu'ils abordent, l'ébauche d'une nouvelle politique industrielle s'adossant aux réseaux de laboratoires et d'unités de recherche qui constituent le creuset du développement économique.
Enfin, la métropolisation est-elle la bonne piste ? Il ne suffit pas de l'affirmer ; encore faut-il forger les instruments nécessaires à la diffusion de l'activité. Comment ceux-ci peuvent-ils contribuer au dynamisme et à l'entraînement des territoires sur lesquels sont implantées les métropoles ? Si les politiques de transport et d'équipement en infrastructures numériques peuvent s'avérer évidentes, il nous faut réfléchir à la manière dont on conçoit nos politiques publiques dans une ère de développement économique très fortement marquée par cette polarisation territoriale.