Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous sommes réunis dans cet hémicycle parce que l’UDI-UC a choisi d’utiliser son droit de tirage pour répondre à la question dont nous débattons.
Ce travail ne s’est pas fait facilement : notre collègue du groupe CRC a rappelé qu’il existait de fortes oppositions à l’encontre du projet d’approfondissement de la réflexion que nous avions utilement lancée en créant la commission d’enquête sur l’organisation et les moyens de la lutte contre les réseaux djihadistes en France et en Europe. Au vu des événements des derniers mois et à la lecture du rapport de la mission d’information, que je remercie et félicite, je puis vous dire que je ne regrette rien !
Le Sénat a bien fait de débattre de ces questions qui préoccupent non seulement les dirigeants de notre pays, mais également tous nos concitoyens, quel que soit leur éventuel rattachement à une conviction religieuse.
Comment l’islam organisé pourrait-il constituer un rempart contre le discours djihadiste, contre l’islam dévoyé ?
Nous savons que la radicalisation se fait souvent en dehors des mosquées, mais partout au nom, supposé, de l’islam.
L’islam institutionnalisé doit nous apporter une première série de réponses. Je crois, monsieur le ministre, que vous avez tout de suite perçu non seulement l’enjeu, mais aussi l’intérêt des propositions de la mission puisque vous avez repris assez rapidement nombre d’entre elles à votre compte. Quelle que soit notre appartenance politique, il convient de s’en réjouir.
Le Conseil français du culte musulman, le CFCM, auquel je souhaite malgré tout rendre hommage, car il évolue dans un contexte très compliqué, mérite, me semble-t-il, d’être aidé et soutenu. Il ne fait aucun doute que sa représentativité doit être renforcée, notamment auprès des jeunes et des femmes. Les statuts de cette institution ne permettent pas d’avancer beaucoup à cet égard.
Monsieur le ministre, nous aimerions que vous proposiez, dans le respect absolu de la loi de 1905, des solutions et une assistance techniques permettant aux institutions d’avoir des interlocuteurs reconnus de part et d’autre.
À côté de l’islam de consulat, nous avons bien besoin d’un islam de France, d’un islam du dialogue.
Certains disent que nous sommes dans cette situation du fait de la rencontre entre nos échecs sur le terrain de la politique intérieure et l’idéologie issue d’un islamisme radical, d’une religion dévoyée, et que nos problèmes seraient surtout d’ordre interne. Je ne le crois pas.
Comme cela a été dit précédemment à cette tribune, l’interrogation doit aller au-delà. Les musulmans eux-mêmes doivent, à mon sens, se poser des questions sur la façon dont ils envisagent de vivre au sein de la République, au regard des critères de laïcité auxquels nous sommes très attachés.
Sauvegarder la frontière entre une pratique religieuse légitime et le fanatisme terroriste est un défi considérable. Nous avons l’absolue obligation, que nous soyons partie prenante du pouvoir exécutif ou législateurs, de répondre à ce défi. Car, entre les bourreaux et les victimes, il y a le peuple français, lequel comprend nos concitoyens de confession musulmane.
La plupart de nos concitoyens de confession musulmane – et même, comme j’ai la faiblesse de le penser, la totalité d’entre eux, dès lors qu’ils se reconnaissent comme citoyens français – ont la volonté de vivre leur foi dans le respect des valeurs de la République.