Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, la communauté musulmane française est la première d’Europe. Elle représente 7, 5 % de la population. L’islam est aujourd’hui la deuxième religion de France après le catholicisme. Il est donc tout à fait légitime que le Sénat s’empare de ce sujet.
Dans le contexte de progression d’un islam rigoriste et totalitaire qui bafoue les règles de la République, la mission sénatoriale a cherché à établir un état des lieux de la communauté musulmane en France. Puis elle s’est posé la question de savoir comment concilier la liberté du culte musulman avec la laïcité et avec le principe constitutionnel d’égalité entre les femmes et les hommes.
La mission d’information a mis en évidence la place que les pays d’origine ont dans l’organisation du culte musulman dans notre pays, qu’il s’agisse des rapports avec les mosquées et les associations cultuelles et culturelles qui les gèrent, ou de la désignation et de la rémunération des imams exerçant en France.
Le rapport le montre, il existe non pas un islam de France, mais une diversité d’islams diffusés par des États étrangers. Cette multiplicité des acteurs contribue à la complexité de la compréhension de l’islam en France et alimente une certaine suspicion, notamment en ce qui concerne les financements venus de pays étrangers, financements qui manquent de transparence. Imagine-t-on la France financer les cultes chrétiens dans tel ou tel pays musulman ?
Il est nécessaire d’organiser le financement du culte musulman de manière transparente et totalement affranchie de l’influence des pays étrangers au travers de la Fondation pour les œuvres de l’islam de France.
Pour construire un islam de France, le rapport met un autre aspect important en évidence : la formation des imams et des aumôniers.
La plupart des imams exerçant en France sont étrangers. Plus de 300 sont directement financés par des États étrangers. Il s’agit le plus souvent d’imams de la communauté d’origine des mosquées. Ces imams peinent quelquefois à maîtriser la langue française. Formés à l’étranger, ils connaissent peu le contexte social et culturel de notre pays, et apparaissent en décalage avec la population musulmane, qui est française à 75 %.
Je regrette que la mission d’information n’ait pas repris ma proposition de mettre en place un diplôme universitaire destiné aux imams et, plus largement, à l’ensemble des cadres religieux formés à l’étranger. L’obtention de ce diplôme universitaire conditionnerait leur exercice du culte sur le territoire. Les enseignements porteraient sur la langue française, mais aussi sur notre culture et les valeurs de la République. Ce cursus permettrait d’aborder les grands principes que sont la laïcité, l’égalité entre les femmes et les hommes, la lutte contre les discriminations, mais aussi l’histoire de la Shoah.
Le troisième aspect que je souhaite aborder concerne la formation des aumôniers.
L’aumônerie permet d’encadrer l’expression des convictions religieuses et de garantir la liberté de culte des usagers du service public. Depuis le décret du 6 février 1991, les aumôniers sont des contractuels des établissements dans lesquels ils interviennent. Les directeurs des établissements publics nomment les aumôniers sur proposition des autorités religieuses puis l’administration les agrée. En revanche, rien n’est prévu au sujet de leur formation.
Il est nécessaire que l’État prenne en charge la formation des aumôniers, qui sont des agents publics, et qu’il appuie la féminisation dans ce secteur en facilitant le recrutement d’aumônières.
Le rapport suggère une uniformisation du statut des aumôniers avec une procédure d’agrément homogène, une formation théologique et civique, un régime de protection sociale mieux défini et une rémunération pour les aumôniers qui n’exercent pas d’autres activités.
Pour ma part, j’estime que l’État pourrait mettre en place une formation accueillant des étudiants aumôniers chrétiens, juifs et musulmans. Cette formation comprendrait un tronc commun destiné, comme pour les imams, aux futurs aumôniers de chacune de ces religions. Parallèlement, une spécialité par religion serait enseignée. Le cursus serait élaboré de manière conjointe par l’État et les institutions représentatives des principaux cultes.
Le dernier sujet que je souhaite aborder concerne l’enseignement privé, qui connaît une progression constante. Je comprends la demande des parents. Toutefois, ces écoles privées doivent répondre aux mêmes obligations que les autres filières du système éducatif.
La mission d’information a auditionné le directeur de l’école Averroès à Lille.