Ainsi, l’Église orthodoxe en cours d’édification à Paris est financée par des fonds étrangers et nous ne pouvons pas remettre en cause le traitement égalitaire du financement des cultes dans la République.
Comment, alors, traiter cette question ? Nous le faisons de façon rigoureuse. Nous devons impérativement nous assurer que la fondation et l’association cultuelle deviennent les vecteurs privilégiés, puis exclusifs, car reconnus comme légitimes, du financement du culte musulman. Elles ne recevront pour cela que des fonds français et c’est ainsi que, dans le respect du droit, nous parviendrons à régler la difficulté à laquelle nous sommes confrontés et que je viens d’évoquer.
Par ailleurs, pour ce qui concerne la formation des imams, un sujet central, voici ce que nous faisons ou souhaitons faire.
J’ai déjà mentionné les diplômes universitaires – il y en a eu six, il y en a quatorze et il y en aura vingt. Que pouvons-nous faire de plus et quels sont les acteurs en présence ? Il y a en France deux instituts privés de formation des imams. L’un, administré par l’UOIF, est situé à Château-Chinon ; l’autre, l’institut Al-Ghazali, est situé à la grande mosquée de Paris. Ces deux instituts ont vocation à assurer la formation théologique des imams, et nous souhaitons qu’ils montent en puissance. Cela implique qu’ils aient de plus en plus de théologiens de très haut niveau et qui enseignent un islam de tolérance, du juste milieu, correspondant à l’idée très précise que l’immense majorité des musulmans de France se font de leur religion.
Comment pouvons-nous y contribuer ? Nous avons plusieurs pistes. Les diplômes universitaires doivent permettre à tous ceux qui prêcheront dans les mosquées d’avoir une très bonne connaissance des principes et des valeurs de la République ; c’est pour nous fondamental. La ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche et moi-même avons par ailleurs demandé à trois universitaires d’envisager les conditions dans lesquelles nous pourrions créer, dans les universités françaises, des diplômes d’islamologie afin d’accompagner la montée en gamme de l’enseignement profane destiné aux imams.
Cette mission débouchera, avant la fin de cette année, sur un rapport qui nous permettra de créer ces structures d’enseignement en islamologie de haut niveau pouvant conclure des conventions avec les instituts privés. Il découlera de cette coopération une montée en puissance des structures d’enseignement à destination des imams.
Enfin, je veux insister sur la question des imams détachés, qui est un dispositif transitoire. Nous ne pouvons en effet, à la fois, refuser les prêcheurs de haine dans les mosquées et les imams improvisés, constater que la constitution d’un dispositif de formation d’imams à la hauteur prendra du temps et nous opposer à la présence provisoire dans les meilleurs instituts théologiques où est enseigné l’islam du juste milieu d’imams détachés sous prétexte qu’ils sont formés à l’étranger. Certes, on ne peut avoir un islam de France avec des imams formés à l’étranger, mais, cet islam de France n’existant pas encore, dans la mesure où nous voulons un islam modéré, nous devons accepter de former à l’étranger des imams modérés, dont nous exigeons, je le rappelle, qu’ils sachent le français avant de venir.