Intervention de David Rachline

Réunion du 19 octobre 2016 à 14h00
Opérations extérieures de la france — Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Photo de David RachlineDavid Rachline :

Monsieur le président, messieurs les secrétaires d’État, mes chers collègues, en préambule, je tiens moi aussi à saluer l’engagement sans faille de nos militaires, aussi bien dans les opérations extérieures dont nous parlons aujourd’hui que dans les opérations intérieures. Je n’oublie ni les forces prépositionnées aux quatre coins de la planète ni les soldats de l’ombre disséminés de par le monde. Leur engagement au service de la patrie suscite admiration et fierté.

Selon le site de l’état-major des armées, les armées françaises sont actuellement engagées en opérations extérieures sur six théâtres. Je n’oublie aucun des soldats, marins et aviateurs des opérations Corymbe et Atalante dans le golfe de Guinée et dans la Corne de l’Afrique, ni ceux qui font partie de l’opération Daman au Liban ou de l’opération Sophia. Toutefois, du fait des effectifs et de l’actualité, les opérations les plus importantes restent Barkhane et Chammal.

Pour ce qui est de Chammal, il faut clairement dire que nos troupes combattent désormais au sol, même si elles ne sont pas nécessairement en première ligne. Je vois que, sur ce point, la position du Président de la République a évolué. J’espère cependant que le Gouvernement n’oubliera pas l’article 35 de notre Constitution, car l’autorisation donnée par le Parlement pour l’opération Chammal concernait nos forces aériennes ; l’engagement de troupes conventionnelles au sol, telles que nos canons Caesar, mériterait que le Parlement soit associé à cette décision.

Concernant l’opération Barkhane, prolongement de l’opération Serval, elle parvient à maintenir un État de droit dans tous les pays de cette zone, ce dont il faut nous féliciter. Toutefois, cette opération vise également à réparer les erreurs du passé ; certes, les islamistes, à travers l’organisation AQMI, avaient déjà posé problème dans cette bande sahélo-saharienne, mais la chute du régime libyen, commanditée par Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, a accentué la déstabilisation de cette région.

Malgré l’excellent travail que font nos troupes sur le terrain, ces opérations posent question. En effet, nous connaissons tous cette réflexion de Clausewitz, selon laquelle la guerre est le prolongement de la politique par d’autres moyens. Or, sur la plupart de ces théâtres, on constate l’absence de politique française.

Quel est l’objectif politique – je dis bien « politique » ; l’objectif militaire, nous le voyons assez clairement – de ces opérations ? Déloger Daech de Mossoul est bien un objectif militaire ! Que fait-on ensuite ? La France a-t-elle une politique à proposer ou participe-t-elle seulement à ces opérations pour faire plaisir à l’Oncle Sam ?

Vous me rétorquerez que nous combattons Daech, parce que cette organisation nous a déclaré la guerre depuis ces territoires ; cela n’est qu’une partie de la vérité : n’oublions pas que les attaques sur notre sol ont également été fomentées dans certains de nos quartiers, ces mêmes quartiers où la loi en vigueur n’est plus celle de la République ! Et si la chute de Daech au Levant signifie la remobilisation de ses partisans sur notre territoire, il est urgent de prendre des mesures telles que le contrôle absolu de nos frontières, d’appliquer avec fermeté la loi vis-à-vis des prêcheurs de haine et de soutenir nos forces de sécurité intérieure !

Enfin, la multiplicité des opérations extérieures met fortement en exergue la question des moyens alloués à nos forces armées. Certes, messieurs les secrétaires d’État, votre collègue, ministre de la défense, a, grâce à une opiniâtreté qu’on doit lui reconnaître, ralenti la baisse des effectifs et des commandes de matériel entamée sous le précédent quinquennat, mais nous sommes encore loin du compte. Depuis longtemps, ma famille politique demande une sanctuarisation du budget dédié à notre défense, à hauteur de 2 % du PIB, via l’inscription de ce chiffre dans notre Constitution. Nous en sommes loin : 1, 47 %, selon le projet de loi de finances pour 2017 ! Mais encore faudrait-il que nous ayons toujours une pleine et entière souveraineté en matière budgétaire ; nous savons bien que tel n’est plus le cas.

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