Enfin, concernant la réponse à la crise migratoire, j’évoquerai l’accord entre l’Union européenne et la Turquie.
Au cours des derniers mois, cet accord, ainsi que la fermeture de la route des Balkans, a conduit à une diminution importante des traversées en mer Égée. Cette tendance semble perdurer, puisque les flux observés sur la route des Balkans restent faibles, de l’ordre de 80 personnes par jour en moyenne depuis le mois de juin.
La Grèce fait néanmoins toujours face à la saturation de ses centres d’accueil. Selon les autorités grecques, environ 60 000 migrants sont actuellement bloqués dans ce pays, dont 14 500 dans les îles. Cette situation requiert l’implication de tous les États membres : ils doivent se montrer solidaires, notamment pour aider le Bureau européen d’appui en matière d’asile, ou EASO, qui traite les demandes d’asile, non seulement pour soutenir le système d’asile grec, mais aussi pour mettre en œuvre les relocalisations de ceux des réfugiés qui se voient accorder le droit à l’asile en Europe.
La France est le premier pays pour ce qui concerne le nombre de relocalisations effectuées à partir de la Grèce : depuis le 1er janvier, elle a accueilli 1 756 Syriens, Irakiens et Érythréens.
Cela étant, tous les États membres doivent respecter leurs engagements. Pour notre part, dans le cadre de la relocalisation de 160 000 réfugiés au cours des deux prochaines années, nous nous sommes engagés à en accueillir 30 000, provenant tant de la Grèce que de l’Italie. D’autres États membres ont également des obligations ; à mes yeux, c’est vraiment la moindre des solidarités que nous devons à la Grèce et à l’Italie.
S’agissant de la mise en œuvre de la feuille de route relative à la libéralisation du régime des visas, je veux rappeler qu’elle ne pourra intervenir que si les 72 critères fixés à la Turquie sont respectés. Un de ces critères, en particulier, a trait à la révision d’une loi de lutte contre le terrorisme. Il faut en outre que la clause de sauvegarde révisée soit adoptée. Ce point tout à fait important vise d’ailleurs, au-delà de la Turquie, l’ensemble des pays concernés par la libéralisation éventuelle du régime des visas.
Nous avons donc avancé, au cours des derniers mois, dans plusieurs domaines. Pour autant, la réponse européenne à la crise migratoire doit continuer à être mise en œuvre d’une façon résolue et durable, dans sa globalité, par un renforcement de nos dispositifs dans tous les domaines : contrôle des frontières, lutte contre les passeurs, retour de ceux qui ne sont pas admis, accueil et relocalisation dans les pays européens de ceux qui se voient accorder le statut de réfugiés, ainsi que coopération et soutien aux pays d’origine et de transit.
Le Conseil européen verra également se tenir un débat important sur la politique commerciale. L’Union européenne est la première puissance commerciale au monde, et elle le restera même après le Brexit. Une politique commerciale forte est nécessaire à la défense de nos intérêts ; c’est aussi un levier d’action majeur pour l’Union européenne sur le plan de la mondialisation. Nous en sommes convaincus, le dynamisme commercial de l’Union peut, et doit, être une source d’emplois, de croissance et d’opportunités pour les entreprises européennes, notamment pour les PME.
La France est par conséquent favorable à l’ouverture des échanges, car elle est une grande puissance commerciale, mais cette ouverture doit se faire sur la base de la réciprocité, dans la transparence, pour ce qui est des négociations, et dans le respect des biens publics, de l’environnement, du droit social et de ce que l’on appelle souvent notre exception culturelle.
Les accords bilatéraux de libre-échange ne doivent pas être négociés aux dépens de nos intérêts, de notre capacité à réguler, ou de nos normes sociales et environnementales, qui sont évidemment d’un haut niveau en Europe. Ce débat au Conseil européen devra donc permettre de clarifier et de garantir les principes d’une politique commerciale robuste, grâce à laquelle nous pourrons tirer parti des échanges avec le reste du monde, mais ce dans des conditions régulées et équilibrées, qui ne jouent pas au détriment de l’Europe, de ses entreprises, de ses agriculteurs et de ses travailleurs.