Par ailleurs, les sanctions décidées par Bruxelles ont un coût non négligeable pour certaines économies européennes, en particulier pour celle de la France. L’embargo instauré par la Russie sur les exportations de produits agroalimentaires originaires de l’Union européenne a eu des effets sensibles sur certains secteurs comme ceux de la viande, des produits laitiers, des fruits et légumes.
Monsieur le secrétaire d’État, les temps actuels sont très dangereux. Le secrétaire d’État américain à la défense ne se demandait-il pas si les dirigeants russes avaient gardé la retenue de leurs prédécesseurs à propos des armes nucléaires ? Cette remarque est d’autant plus d’actualité depuis que la Russie mène des exercices militaires, notamment dans l’enclave de Kaliningrad, avec le déploiement de missiles balistiques capables d’emporter des têtes nucléaires.
Chacun mesure la portée symbolique de cette présence dans une zone encore traumatisée par de longues décennies de joug soviétique.
En déplacement en Pologne avant l’été, j’ai noté combien nos homologues polonais s’inquiétaient fortement de la situation régionale.
Dans une moindre mesure, la France n’est pas épargnée par cette agitation. En témoigne la récente interception de bombardiers russes par des Rafale au large des côtes françaises.
On se souvient de l’imposant exercice Anaconda 2016, qui a mobilisé des milliers de soldats, notamment 14 000 Américains, et dont l’agresseur imaginaire appelé l’« Union des Rouges » avait pour cible les pays baltes et la Pologne.
Cet état des lieux ne serait pas équilibré sans un rappel des responsabilités européennes, à tout le moins la certaine forme d’insouciance dont l’Union européenne a fait montre en conduisant un élargissement trop rapide à l’Est et un partenariat oriental ambigu sans se préoccuper des conséquences régionales, comme si l’Europe technocratique n’avait pas su saisir l’humiliation des années post-communistes pour les Russes, leur peur du vide face à un déclin économique, politique, démographique et leur sentiment d’encerclement par l’Union européenne, l’OTAN et la Chine. Lorsque j’entends le commissaire à l’élargissement et à la politique européenne de voisinage déclarer que « le Brexit ne veut pas dire que l’élargissement de l’Union européenne est fini », je le dis comme je le pense, j’ai le sentiment qu’aucune leçon n’a été tirée quant aux causes de la crise actuelle.
L’on voit bien ici les conséquences pour l’Union européenne de l’absence de véritable politique de défense autonome, comme de vision globale et partagée de sa sécurité. Les uns font de l’État islamique la priorité quand la Russie est la première préoccupation pour les autres.
Je rentre d’une mission en Géorgie où les élections législatives ont confirmé l’orientation euro-atlantique du pays, dans une vision classique : l’Europe comme cadre de vie, l’OTAN comme bouclier. Pour autant, quelle marge de manœuvre existe-t-il pour l’Union européenne dans le Caucase du Sud, tiraillé entre les intérêts américains et la pression constante de la Russie ?
Dans ce contexte, on ne peut qu’être dépité par la rupture par la Pologne du contrat d’achat d’hélicoptères, construits par l’avionneur européen Airbus, au profit d’un concurrent américain. L’Europe fragile et divisée se trouve de fait entraînée dans la surenchère à laquelle se livrent l’OTAN et la Russie.
Si la relation avec la Russie doit appeler vigilance et fermeté, l’Union européenne me semble immédiatement menacée par le terrorisme, le Brexit, les turbulences de la zone euro, la crise migratoire et la défiance des peuples qui en découle. C’est donc bien de coopération renforcée que l’Europe a besoin et non de divisions sur presque tous les grands sujets.