Intervention de Gérard Bailly

Réunion du 19 octobre 2016 à 14h00
Débat préalable à la réunion du conseil européen des 20 et 21 octobre 2016 — Débat interactif et spontané

Photo de Gérard BaillyGérard Bailly :

Monsieur le secrétaire d'État, le 27 octobre, au cours d’un sommet entre l’Union européenne et le Canada, doit être signé un accord commercial connu sous le nom de CETA.

Le gouvernement français – vous-même, monsieur le secrétaire d'État – se réjouit de cet accord. Le Premier ministre est même allé jusqu’à le qualifier de « judicieusement équilibré » dans une tribune publiée dans le Financial Times, et le secrétaire d’État chargé du commerce extérieur a assuré le Sénat que cet accord était bon pour notre agriculture puisque 42 indications géographiques protégées françaises – certes, les plus vendues – sur les 196 existantes seront protégées par cet accord.

En qualité de président du groupe d’études Élevage au Sénat, cet accord m’inquiète, comme il inquiète nombre des éleveurs de la filière viande, tout particulièrement ceux de viande bovine.

Le contingent de viande bovine à droits de douane nuls que cet accord prévoit d’accorder aux Canadiens est particulièrement élevé : 50 000 tonnes qui s’ajouteront aux 15 000 tonnes octroyées dans le cadre d’anciens contingents. Ce sont donc 65 000 tonnes qui arriveront sur le segment de marché de l’aloyau allaitant, alors que ce segment de marché est estimé à seulement 400 000 tonnes en Europe et qu’il est, comme vous le savez tous, mes chers collègues, le plus rémunérateur pour les éleveurs français de viande bovine.

J’ajoute que le Brexit va vraisemblablement rendre le problème encore plus criant, car il sera beaucoup plus difficile pour l’Europe d’aborder ces 65 000 tonnes à vingt-sept qu’à vingt-huit, d’autant plus que le Royaume-Uni constitue actuellement le principal débouché européen des viandes canadiennes.

Monsieur le secrétaire d'État, les éleveurs français sont en détresse. Ils traversent actuellement l’une des plus graves crises de leur histoire : alors que le marché de la viande bovine en France est déjà saturé, il a, de surcroît, tendance à diminuer d’année en année, comme certains d’entre nous ont pu le constater encore cet après-midi lors d’une visite du Salon international de l’alimentation.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion