Intervention de Mohammad Khatami

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 22 juin 2016 à 9h50
Audition de M. Mohammad Javad zarif ministre iranien des affaires étrangères

Mohammad Khatami :

Dans notre région, au cours des trente-sept dernières années, peu de pays sont parvenus à faire en sorte que tout soit basé sur des élections. En Iran, les élections existent, la compétition politique existe à tous les échelons, mais les prévisions ont toujours été fausses. Le peuple iranien l'a encore démontré, en 2013, en élisant un Président qui était dans l'opposition. En fait, chaque Président a organisé des élections qui ont donné la victoire à son opposition : ainsi au Président Hachemi Rafsandjani a succédé le Président Mohammad Khatami, au Président Mohammad Khatami a succédé le Président Mahmoud Ahmadinejad et, à ce dernier, le Président Hassan Rohani. Voici la réalité des élections. Regardons maintenant les pays de la région avec lesquels vous avez des relations stratégiques, lequel de ces pays a des élections ?

Vous avez parlé de l'ONU. La dernière résolution votée contre l'Iran, dans le domaine des droits de l'Homme, l'a été par des pays qui n'ont jamais organisé une élection, est-ce un motif de fierté ? Je ne préfère donc pas parler de l'ONU, mais plutôt des droits de l'Homme.

Nous pensons que les droits de l'Homme doivent être respectés et les insuffisances supprimées, mais nous sommes contre l'instrumentalisation des droits de l'Homme car cela en détruit les principes mêmes. Prenons un exemple. Au cours des années 1980, le Gouvernement de Saddam Hussein en Irak votait toutes les résolutions contre l'Iran dans le domaine des droits de l'Homme, mais il ne faisait l'objet, quant à lui, d'aucune résolution. La première résolution contre l'Irak, dans ce domaine, a été votée lorsque l'Irak a envahi le Koweit, mais quel rapport avec les droits de l'Homme ?

Tous les pays, sans exception, peuvent améliorer la situation des droits de l'Homme. Nous sommes prêts au dialogue pour arriver à des solutions, mais nous sommes contre l'instrumentalisation des droits de l'Homme.

Nos amis en Occident doivent aussi prendre en compte certains points... Aussi, je leur pose cette question : comment se fait-il que des personnes qui commettent des crimes au nom de l'Islam en Irak et en Syrie ont pour langue maternelle le français ou l'anglais ? Cela montre qu'il faut aussi dialoguer avec nos amis occidentaux sur ces points.

Quant au nombre d'exécutions capitales en Iran, elles sont très nombreuses et cela ne nous plaît pas. Mais 85 à 90 % des drogues et stupéfiants interceptés dans le monde le sont en Iran. Si nous arrivons à bloquer ce flux de drogues qui va vers l'Occident et leur entrée sur notre territoire, alors 85 % des exécutions capitales en Iran disparaîtront automatiquement. Le pouvoir judicaire est totalement indépendant du pouvoir exécutif et nous devons donc trouver une solution pour arrêter le trafic de stupéfiants. Cela peut passer par une coopération.

Nous sommes favorables au dialogue dans le domaine des droits de l'Homme. J'enseigne les droits de l'Homme à l'université depuis trente ans et je peux vous dire que le plus grand danger, pour les droits de l'Homme, c'est leur instrumentalisation politique.

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