Intervention de Alban Maggiar

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 22 juin 2016 à 9h50
Table ronde sur la diplomatie économique

Alban Maggiar, en charge des affaires européennes de la commission internationale de la CGPME :

Je suis très heureux d'être ici aujourd'hui et de répondre à votre aimable invitation.

La CGPME est une fédération de PME qui a vocation à promouvoir les intérêts des PME et à en valoriser le potentiel ainsi que les spécificités. Nous sommes très satisfaits du débat qui a lieu. On peut d'ailleurs le prolonger ensuite par des tête-à-tête et des conversations bilatérales.

L'une des caractéristiques de notre fédération est de s'inscrire résolument dans la culture du dialogue et de la concertation. Nous savons bien évidemment dire non, mais nous ne sommes pas, comme d'autres, uniquement dans la revendication.

Vous le savez tous, ce qui fait la richesse des PME - on n'insiste jamais assez sur ce point - c'est leur diversité, mais cette diversité explique également que le traitement de leurs problèmes soit aussi complexe, notamment à l'exportation.

Avec les précédents intervenants, nous avons été sensibles à la dynamique qui a été créée. C'est un mouvement dans lequel s'inscrit l'intérêt de la France, de ses salariés et des créations d'emploi.

Ce qui a été fait, comme le forum qui a eu lieu il y a peu, doit aboutit en principe à la création d'un portail unique comportant un certain nombre d'idées. Pourrait-on aller jusqu'à un guichet douanier unique ? Sera-t-il mis en relation avec les portails qui existent dans les autres pays européens ? Y aura-t-il des points de passage ? Ce serait intéressant.

C'est certes une bonne chose mais, comme vous l'avez souligné, le temps des PME n'est pas nécessairement celui de l'administration ni celui des grandes entreprises. Il faut donc beaucoup de réactivité - et j'ai été heureux de vous entendre utiliser ce terme.

Certains points sont cependant à améliorer. Nous en avons détecté quelques-uns qui pourraient l'être par le réseau consulaire et par le biais des institutions. Il existe des outils sur lesquels on pourrait travailler, et il nous paraît important de voir comment combiner les actions entre la France et l'Europe.

Pour ce qui est du réseau consulaire, le prédiagnostic est très important pour aider les entreprises. L'accompagnement personnalisé des PME est également un complément indispensable. Comme vous l'avez laissé entendre, tout dépend du facteur humain et des personnes avec lesquelles on se retrouve en relation.

Il serait bon aussi que les réseaux consulaires nous aident à détecter davantage les opportunités d'affaires, afin que l'on anticipe ce qui va se passer en n'ayant pas seulement des notes d'analyse qui ont tendance à s'inscrire dans quelque chose qui s'est déjà passé. Il conviendrait de disposer de quelque chose à mi-chemin entre étude économique et intelligence économique. Il faut reconnaître que l'état d'esprit s'est substantiellement modifié.

Pour ce qui est des institutions, il faudrait proposer aux PME une sorte de modèle de parcours à l'exportation. Faudrait-il l'intégrer dans le portail ou dans des documents de votre ressort ? C'est à voir.

Il faut également - et vous l'avez dit - offrir une meilleure lisibilité des acteurs publics. Les fusions sont une bonne chose, mais à quoi servent-elles et quel sera leur apport ? Il ne faut pas se focaliser uniquement sur l'exportation, mais appréhender cela dans une démarche plus globale comprenant exportations, implantations et importations.

Il faut aussi -cela met du baume au coeur des prétendants à l'exportation- valoriser les succès et donner quelques-unes des recettes qui ont été utilisées.

Il serait également bon de relancer les pactes « PME international ». La France et les grandes entreprises françaises n'ont en effet peut-être pas le même souci du drapeau tricolore que d'autres pays, où les grosses sociétés emmènent avec elles de petites sociétés qui ne sont pas nécessairement leur sous-traitant, mais dont la renommée bénéficie à la région dans laquelle se trouve l'entreprise et au pays de manière générale.

Par ailleurs, le besoin de « chasser en meute » est toujours présent, c'est le développement de ce que l'on appelle « l'économie collaborative », mais cela suppose aussi des règles du jeu. Il faut un responsable de projet et savoir ce sur quoi va porter cette collaboration. S'agira-t-il uniquement d'informations commerciales, d'actions marketing, d'actions commerciales ? On pourrait essayer de mettre peu à peu quelque chose au point, en tirant profit des expériences, heureuses ou malheureuses.

Il existe un autre problème pour les PME, celui de l'accès aux marchés publics. Il faut que les PME puissent avoir l'information en temps utile, mais peut-être aussi que les institutions, les réseaux consulaires ou les structures qui viennent d'être regroupées puissent porter une appréciation sur l'intérêt de tel ou tel marché public. Dans certains pays de l'Union européenne, on a singulièrement abaissé les conditions de solvabilité qui sont exigées des PME. Il ne sert en effet à rien de demander à une PME d'avoir un capital social correspondant à son année de chiffre d'affaires.

Il existe des outils sur lesquels on pourrait apporter des améliorations, notamment les salons internationaux. En France, 25 % des visiteurs de ces salons sont étrangers. Aider les PME à y être présentes leur permettrait plus de facilités, d'efficacité et de simplicité dans les contacts avec les visiteurs étrangers.

Il faut peut-être aussi envisager une meilleure planification des salons sectoriels : on assiste en effet parfois à une certaine redondance des programmations. Ce n'est jamais facile, mais peut-être pourrait-on trouver des systèmes qui économiseraient de l'argent.

On constate un appui affirmé à l'innovation technologique et à l'internationalisation des starts-up. Ce domaine, tout comme l'économie numérique, fonctionne très bien et tant mieux. Les entreprises de ce secteur sont très présentes au Consumer electronic show, mais il ne faut pas se focaliser sur les PME innovantes ou à fort potentiel, ou sur les ETI, mais également considérer les PME traditionnelles, qui sont capables d'exporter avec des produits ayant fait leur preuve. Il ne faut pas non plus oublier les primo-exportateurs. Comme l'a dit quelqu'un : la première fois, cela surprend. Ensuite, on s'habitue ! Il est donc important de bien cibler les marchés, et de sensibiliser ensuite les entreprises françaises, quelle que soit leur taille, à la façon de répondre à ces besoins.

L'amélioration des visas pourrait faciliter la vie et l'exportation des PME dans les deux sens. Il est parfois difficile d'obtenir des visas de très lointains clients.

Par ailleurs, je suis d'origine étrangère et je suis très attaché au développement de la dimension économique de la francophonie et à la francophonie en général : celle-ci doit constituer un support pour notre exportation, alors qu'elle a tendance à être sous-employée.

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