Intervention de Gautier Mignot

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 22 juin 2016 à 9h50
Table ronde sur la diplomatie économique

Gautier Mignot, de la culture, de l'enseignement et du développement international au ministère des affaires étrangères et du développement international :

directeur général adjoint de la mondialisation, de la culture, de l'enseignement et du développement international au ministère des affaires étrangères et du développement international. - Vous le savez, le ministère des affaires étrangères et du développement international s'est beaucoup mobilisé depuis plusieurs années en matière de diplomatie économique, du fait des nouvelles responsabilités qui lui ont été confiées en 2013, en particulier s'agissant du commerce extérieur et de la promotion du tourisme. Il convenait de renforcer la promotion du commerce extérieur et l'attractivité du territoire français pour les investisseurs étrangers, en déclinant l'amélioration de la visibilité et de l'image de l'offre française pour fédérer les différents acteurs de l'accompagnement de nos entreprises à l'exportation et défendre nos intérêts commerciaux et économiques, y compris concernant la question importante des normes.

L'objectif ultime de toute cette action, qu'il ne faut pas perdre de vue, est de défendre l'emploi dans notre pays.

Quelques mots sur la mobilisation du ministère et de son réseau. En étroite coordination avec la direction générale du Trésor et notre opérateur Business France, la direction des entreprises, de l'économie internationale et de la promotion du tourisme compte près d'une centaine d'agents relevant de la direction générale de la mondialisation. Nous croyons en effet fortement aux synergies entre notre diplomatie économique, notre diplomatie culturelle et notre diplomatie du développement.

Les autres services du ministère sont également mobilisés : il y a maintenant dans chaque direction géographique un directeur adjoint spécifiquement en charge des questions de diplomatie économique. Un secrétaire général adjoint du ministère assure la coordination de l'ensemble.

On constate depuis plusieurs années dans le réseau une très forte mobilisation de l'ensemble des agents et des services sur ces objectifs de diplomatie économique, afin que celle-ci ne soit pas seulement l'affaire des ambassades ou des bureaux de Business France, mais que l'on pense collectivement à l'économie et que l'on favorise les synergies transversales. Aujourd'hui, nos ambassadeurs consacrent 40 % de leur temps à la diplomatie économique.

De façon générale, nous essayons de leur insuffler le réflexe économique. Lors des réunions d'instruction, l'accent est mis sur la feuille de route économique qui est la leur. Pour que ce réflexe s'établisse dans la durée, et pour faire écho à ce que disait M. Maggiar, les concours d'accès au ministère comportent cette année une épreuve d'économie, de manière que les jeunes qui poussent la porte du Quai d'Orsay sachent qu'on attend d'eux un engagement en ce sens. En matière de formation continue, nous prévoyons à présent des modules de diplomatie économique à l'Institut diplomatique et consulaire.

Une initiative importante va être reconduite cette année. Il s'agit du speed dating inauguré l'an dernier lors de la semaine des ambassadeurs, qui avait permis à quatre cent trente entreprises de rencontrer nos cent soixante-dix ambassadeurs. L'opération va être reconduite cette année. Nous en avons en effet tiré un bilan très positif, ces rencontres s'étant ensuite poursuivies par un accompagnement spécifique de certaines des entreprises rencontrées, parmi lesquelles figuraient beaucoup de PME et d'ETI.

Je vais passer rapidement sur le pilotage des outils, les autres orateurs en ont déjà beaucoup parlé. Je veux simplement rappeler la mise en place de conseils économiques au sein de chaque ambassade, qui permettent de fédérer autour des ambassadeurs l'ensemble des acteurs français publics et privés, ainsi que du portail France-International.fr, lancé en février, qui doit conférer plus de lisibilité et servir de porte d'entrée unique aux entreprises pour mieux les orienter vers les différents acteurs.

Faire de la diplomatie économique, c'est encourager les initiatives, faire en sorte que les entreprises s'internationalisent davantage. Les territoires sont évidemment au coeur de notre action. Vous m'interrogez sur l'expérience des ambassadeurs en région. Elle a été menée dans quelques endroits. Certains ambassadeurs ont connu des fortunes diverses. Quelques-uns ont été particulièrement appréciés. L'un d'eux continue à collaborer avec une des régions. Dans d'autres cas, l'expérience a été moins concluante. Peut-être existait-il un problème de positionnement de ces ambassadeurs, qui étaient à Paris, au sein du ministère, et non en région, avec parfois un problème d'absence de moyens d'action.

Ce dispositif va être totalement revu et étendu. Des conseillers diplomatiques vont être placés auprès des préfets des treize grandes régions. Certains sont d'ores et déjà en place. D'autres sont en passe d'être nommés. D'ici la rentrée, l'ensemble de ce réseau devrait être opérationnel.

Leur objectif principal sera la diplomatie économique. Ce ne sera pas le seul, mais leur priorité sera de travailler à l'intérieur des services de l'État, avec les régions, mais aussi avec les métropoles et l'ensemble des collectivités.

J'ajoute que nous allons organiser, lors de la prochaine semaine des ambassadeurs, une séquence consacrée à la diplomatie et aux territoires qui durera toute une journée, pour mettre en exergue la question des nouvelles compétences des régions et des métropoles et la façon dont le réseau diplomatique peut travailler avec ces collectivités.

S'agissant de l'encouragement des PME et des ETI à l'exportation, le deuxième forum des PME s'est tenu il y a quelques jours, on l'a dit. La première édition avait eu lieu l'an dernier et avait été déclinée en région. Des forums régionaux sont encore prévus ces prochaines semaines.

Nous avons, cette année, insisté sur le thème de l'e-exportation et du numérique, ainsi que sur celui des méthodes solidaires d'exportation : chasse en équipe, portage des PME par de grands groupes, partage de ressources entre PME, comme par exemple le VIE -près de la moitié des VIE bénéficie aujourd'hui à des PME- de manière que plusieurs entreprises puissent s'associer pour explorer une même zone d'intérêt ou un marché porteur.

Le nombre d'entreprises exportatrices augmente. Nous avons atteint le nombre de cent vingt-cinq mille l'an dernier, contre cent dix-sept mille l'année précédente, dont quatre mille PME exportatrices de plus.

Quel résultat pour tout cela ? Nous nous sommes dotés d'un certain nombre d'indicateurs depuis trois ans dans les cent vingt postes les plus importants, afin de pouvoir mesurer les résultats et la mobilisation de notre réseau. C'est ainsi que nous avons pu mesurer que les ambassadeurs consacrent 40 % de leur temps à la diplomatie économique.

Pas moins de quinze mille cinq cent rendez-vous avec des entreprises ont été comptabilisés l'an dernier. Sept cent vingt-sept changements favorables aux intérêts français en termes de réglementations ou d'autorisations ont été obtenus par les postes. L'implication des postes a contribué à la conclusion de deux cent vingt-cinq contrats de plus de 10 millions d'euros, a minima à 2,25 milliards d'euros. On met de côté les giga-contrats ou les petits contrats inférieurs à 10 millions d'euros. Ce chiffre est en progression par rapport à 2014, époque à laquelle il était légèrement inférieur à 2 milliards d'euros.

La mobilisation de nos postes a été importante en termes d'attractivité. Ils ont rencontré plus de quatre mille quatre cents investisseurs étrangers. Là aussi, par rapport à 2014, on constate une augmentation de près de 20 % du nombre des investisseurs rencontrés, ainsi que des interventions publiques menées par nos postes et des visites d'investisseurs en France. C'est une évolution qui reflète en grande partie l'initiative menée lors du mois de l'investissement, en octobre dernier, au cours de laquelle une cinquantaine d'ambassades ont réuni les principaux investisseurs de leur pays de résidence. Cela reflète aussi le lancement de la campagne de communication Créative France de Business France.

Un mot sur la répartition géographique de notre effort. Les actions d'attractivité se concentrent en Europe et en Asie. Les actions de promotion des exportations sont réparties pour deux tiers en Asie, dans l'Union européenne et dans la région Afrique du Nord-Moyen-Orient (ANMO). En termes de contrats signés ou de changements favorables aux intérêts français, on a des résultats plus équilibrés entre les différentes régions.

En conclusion, je crois qu'on a vécu une montée en puissance progressive de ce dispositif. Il a fallu fédérer l'ensemble des acteurs et articuler notre dispositif. Nous avons maintenant atteint un rythme de croisière. Il faut veiller à la question des moyens, comme l'a rappelé Muriel Pénicaud, mais il faut à présent récolter ce que nous avons semé, tout en gardant une approche modeste : ce ne sont pas les fonctionnaires qui font l'essentiel de la balance commerciale, mais avant tout les entreprises. Nous sommes à leur service. Le juge de paix de nos efforts, c'est la PME. Nous avons un certain nombre de retours positifs, mais nous entendons aussi des suggestions, voire des récriminations. Nous nous efforçons d'en tenir compte pour étudier les points que nous pourrions améliorer.

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