Intervention de Yves Pozzo di Borgo

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 19 octobre 2016 à 9h00
Plf pour 2017 — Audition du général jean-pierre bosser chef d'état-major de l'armée de terre

Photo de Yves Pozzo di BorgoYves Pozzo di Borgo, rapporteur :

Vous avez fait allusion au SOUTEX. J'ai l'impression qu'on a un problème avec les industriels, qui devraient s'impliquer bien plus. Compte tenu des succès à l'exportation, je pense qu'il est nécessaire que l'armée ait une réflexion plus directive - mais je n'ai pas votre expérience en la matière.

Général Jean-Pierre Bosser. - Je partage votre approche au sujet du modèle économique, mais j'ai bien dit que les choses ne se feraient que sous réserve de soutenabilité et de faisabilité industrielle.

J'ai compris que les industriels réalisaient leur marge sur le MCO. La question est de savoir où situer la marge. La plus importante se situe-t-elle dans le maintien des matériels anciens ou dans l'arrivée des matériels modernes ?

Chaque ligne doit être expertisée. On ne peut avoir une vision globale. Il faut l'adapter à chaque matériel. C'est un travail que j'ai confié à l'état-major.

Quant à la qualité de la troupe, je remercie Mme Giraud d'avoir évoqué sa rencontre avec les chasseurs alpins. Le ministre souhaitait que l'on recrute onze mille hommes au plus vite. On y avait un double intérêt. Le premier consistait à pouvoir mélanger les anciens soldats avec les nouveaux, à un moment où la préparation opérationnelle diminuait. Si on avait mis cinq ans pour les recruter, on aurait perdu tout l'acquis des anciens d'Afghanistan, du Mali, etc. En deux ans, on incorpore ces gens dans les unités où les anciens sont encore présents.

Cela sous-entend un effort en termes d'encadrement. On a prévu un cadre pour quatre militaires du rang, ce qui n'est pas le ratio traditionnel, mais on a ainsi voulu garantir la qualité.

Cet été, certains de ces jeunes ont été engagés dans le cadre de Sentinelle. Ils se sont remarquablement bien comportés. Il s'agissait d'un investissement très important pour nous, puisque l'on consacre à leur formation l'équivalent d'une brigade, soit plus de sept mille hommes.

Un certain nombre de primes ont été annoncées, liées à la fois à la LPM actualisée, mais aussi aux décisions du Président de République lors de ses voeux et du Conseil de défense du 6 avril dernier.

La protection du territoire national est aujourd'hui devenue une opération comme les autres. Les soldats sont bien rémunérés dans le cadre des OPEX. Il n'y a donc pas de raison qu'ils le soient mal lorsqu'ils interviennent sur le territoire national.

La compensation de l'absence est selon moi un sujet majeur. Un jeune qui gagne le SMIC et fait 220 jours de terrain - c'est le cas d'un certain nombre - risque d'être perdu pour l'armée au bout de cinq ans s'il n'est pas rémunéré en conséquence. Tout ce qu'on aura investi en matière de formation sera alors perdu. On garantit donc l'avenir en investissant un peu plus dans la rétribution des absences.

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