Intervention de Hélène Luc

Réunion du 19 mars 2005 à 21h45
Avenir de l'école — Article 8 et rapport annexé

Photo de Hélène LucHélène Luc :

Les ZEP ne sont pas nées de l'imagination d'un sociologue ou d'un homme politique en mal de programme. Elles ont été une réponse pragmatique à une situation concrète. Ici, le local a précédé le national.

Au départ, il y a la décision prise par un préfet, au milieu des années soixante, de construire deux cités de transit au port de Gennevilliers pour loger des immigrés et les habitants d'un bidonville ravagé par un incendie.

Issues de la misère des cités pour immigrés des années soixante, les zones d'éducation prioritaires doivent beaucoup à des instituteurs pionniers proches de l'abbé Pierre et au modèle britannique des Education priority areas. Elles mettront plus de quinze ans à s'imposer.

Les ZEP découlent de la réforme Berthoin, portant, en 1959, la scolarité obligatoire jusqu'à seize ans, et de la création du collège d'enseignement secondaire, le CES, qui a démocratisé la scolarité.

Au cours de la décennie suivante, la réforme Haby a créé, en 1975, le collège unique, qui rend l'enseignement secondaire général accessible à tous les élèves d'une même tranche d'âge. Le collège met sur le devant de la scène l'échec scolaire, mais dans sa dimension sociale. De plus, le taux de redoublement est important : sur les 87% d'élèves admis en sixième, 53% seulement poursuivent leur scolarité en lycée.

C'est dans ce contexte de doute que vont apparaître, sous l'impulsion d'Alain Savary en 1982, les ZEP, renversant deux tabous solidement ancrés dans notre culture : l'unité et l'uniformité du système peuvent engendrer l'injustice ; l'égalitarisme posé comme principe entretient au sein même de l'école une inégalité scolaire et aggrave l'inégalité sociale.

Le but des ZEP est de « donner le plus à ceux qui ont moins ». C'est ce qu'on appellera la discrimination positive. Dès la rentrée 1983, 375 ZEP s'organisent sur le territoire national. Mais, très vite, le « label ZEP » devient gênant, il peut susciter une connotation négative, être assimilé à une zone de violence et accentuer les effets de ghettos.

A la rentrée de 1990, une nouvelle carte des ZEP est mise en place : il y en a désormais 544. Puis, en 1998, on assiste à une relance de la politique des ZEP et à la création de réseaux d'éducation prioritaires, les REP, avec mise en commun de ressources.

L'objectif de cette nouvelle politique est de favoriser l'accès de tous au savoir, d'assurer la maîtrise de la langue, d'éduquer l'enfant à la citoyenneté, d'ouvrir l'école sur les quartiers et de permettre l'accompagnement des enseignants avec un pilotage. L'image des ZEP peut paraître négative, car leur nombre a doublé depuis leur création, mais sans renforcement de l'encadrement.

En effet, la carte scolaire fait l'objet, chaque année, d'arbitrages délicats. Celle de 2005, conçue avec des dotations budgétaires en baisse, provoque déjà des mouvements d'humeur dans plusieurs régions et au sein de certains établissements, en tout cas dans de nombreux collèges du Val-de-Marne.

Il faut relancer la politique des ZEP. Il faut renforcer celles qui existent et en créer là où c'est nécessaire.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion