Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'avenir de nos enfants est un sujet suffisamment sérieux pour que le Parlement y accorde tout le soin nécessaire.
Le constat est plus que préoccupant, il est insupportable : 25 % des élèves entrant en sixième chaque année ne savent pas bien lire, écrire et compter. La maîtrise de ces savoirs fondamentaux au sortir de l'école primaire est bien la préoccupation première à laquelle les pouvoirs publics doivent s'attacher à trouver une solution.
Réformer réellement l'école primaire pour éradiquer l'illettrisme en privilégiant les techniques d'apprentissage éprouvées et en étant attentif de manière concrète à l'avenir de nos enfants, c'est aussi renoncer à ne valoriser que les seules filières dites intellectuelles et générales au niveau du collège et du lycée.
L'intelligence de la main vaut tout aussi bien celle de l'esprit.
Le système éducatif et, plus largement, toute la société n'ont que trop longtemps entretenu l'idée que les élèves orientés vers les filières professionnelles étaient irrémédiablement condamnés à une vie active de seconde zone.
L'éducation nationale doit fondamentalement permettre l'épanouissement de tous les talents, quel que soit le domaine auxquels ils appartiennent. Cette politique volontariste implique de faire précisément oeuvre de pédagogie pour que toute la société accepte enfin l'idée que les filières manuelles et professionnelles peuvent être des filières d'excellence, pourvu que l'on ne culpabilise pas, dès le départ, les élèves de ces filières, et parfois leurs parents. Il faut valoriser tous les talents et développer les liens entre les entreprises et les systèmes d'apprentissage.
Plus largement, il importe de concentrer nos efforts sur l'orientation et les débouchés professionnels. Cette tâche incombe tout autant à l'éducation nationale qu'aux parents d'élèves et aux professeurs.
Pour conclure, je souhaiterais faire part de mon regret que le sport et les enseignements artistiques n'aient pas pu être suffisamment valorisés dans leur contribution au succès de la réforme. La formation des élèves ne peut se réduire au seul apprentissage de la culture générale et des savoirs fondamentaux, aussi indispensables soient-ils. L'ouverture vers le sport et les arts participe de la démarche de diversification, de lutte contre l'échec scolaire et de réduction des inégalités, qui échoit à l'enseignement. L'épanouissement, le développement corporel et artistique sont aussi les garants de l'acquisition de savoirs indispensables.
Mais nous avons compris que la logique et la cohérence du concept de socle ne permettaient pas de résoudre à ce niveau la difficulté que je soulève. Il n'empêche que l'enseignement de l'éducation physique à l'école primaire laisse à désirer. Nous souhaitons, monsieur le ministre, que vous puissiez améliorer par tous les moyens appropriés la pratique de ces disciplines.
Néanmoins, ce projet de loi a le grand mérite de définir une démarche rationnelle, pragmatique et hiérarchisée pour sortir beaucoup d'élèves de la spirale de l'échec et les protéger de la source initiale de l'exclusion sociale. C'est pourquoi la majorité du groupe du Rassemblement démocratique et social européen votera ce texte.