Intervention de Roger Karoutchi

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 10 février 2016 à 10h32
Enjeux économiques et financiers de la construction du grand paris express — Audition conjointe de Mm. Jean-Yves Le bouillonnec président du conseil de surveillance et philippe yvin président du directoire de la société du grand paris

Photo de Roger KaroutchiRoger Karoutchi :

Monsieur le président, il serait temps de réfléchir à la disparition de la Société du Grand Paris et de faire en sorte que ce qui était initialement envisagé autour du STIF soit réorganisé.

La Société du Grand Paris est devenue un système dans lequel les Franciliens, entreprises comme particuliers, paient de plus en plus d'impôts, ce qui permet à l'État de dire qu'il possède un trésor de guerre, dont il fait ce qu'il veut. Il annonce un coût d'un milliard d'euros pour ceci, Manuel Valls annonce hier 500 millions d'euros pour participer au prolongement d'Eole... Je ne critique pas le Gouvernement actuel, puisque c'est le précédent qui a mis cette structure en place, mais celle-ci permet de lever taxes et impôts sur l'Île-de-France pour financer l'intégralité des travaux du Grand Paris Express.

Je regrette l'extension déraisonnable du Grand Paris Express, d'autant que les maires de gauche et de droite y ont participé. Ce devait initialement être un cercle - qui avait d'ailleurs été prévu par la RATP et la SNCF - avec une sorte de doubles périphériques urbain, composé d'un métro à proximité - 5 à 7 kilomètres de Paris - et un projet de métrophérique SNCF à 15 ou 20 kilomètres de Paris, passant en grande couronne.

Les deux projets ont été supprimés au profit du Grand Paris Express. Chacun a voulu ajouter des lignes et des gares et, aujourd'hui, la 14 Nord a deux ans de retard, voire trois ans, sur un total de cinq ans, tout comme la 15. Plus personne ne croit que tout sera terminé en 2030. Tout le monde considère que l'on s'en sortira vers 2035 ou 2040. Vous dites d'ailleurs vous-mêmes qu'il ne faut pas polémiquer sur le calendrier : si ! Pour les gens desservis, il y a quand même un problème de calendrier.

Notre président de séance estime qu'il faut tenir compte de l'augmentation de la valeur foncière autour des gares. Peut-être mais, dans le même temps, on a reconnu que, pour financer les travaux de transports en Île-de-France -- et pas seulement le Grand Paris Express - on avait considérablement augmenté le versement transport (VT) des entreprises franciliennes depuis cinq à dix ans. Si l'on augmente à nouveau le poids des taxes, elles auront intérêt à partir en régions : ce sera beaucoup plus intéressant que de rester en Île-de-France !

Je comprends très bien que la structure qui a été créée avance mais, la réalité, c'est que, d'ici cinq ans, il faudra se remettre autour d'une table, revoir le projet, probablement le réduire ou en tout cas le simplifier. Le grand projet, la grande desserte qui plairait à Francis Delattre, était composée en grande partie de la 18. Or, on en est à dire que la liaison entre Versailles-Chantiers et Saint-Denis-Pleyel verra le jour bien après 2030.

L'état du réseau actuel est scandaleux, la SNCF, durant vingt ans, n'ayant rien investi dans le matériel en Île-de-France afin de financer les TGV. Elle a voulu faire du national avec l'argent des Franciliens ! Résultat : entre 1980 et 2000, on n'a pas modernisé le réseau, on a eu les accidents que l'on a connus à cause d'un matériel usé ou d'un réseau vétuste. On essaye maintenant de faire du rattrapage, on ajoute le Grand Paris Express - projet auquel je suis par ailleurs favorable ! On n'arrivera pas à régler la facture de la rénovation de l'existant tout en créant le Grand Paris Express. Si les marchés financiers basculent, ou si une crise financière se produit dans les années qui viennent, nous ne pourrons pas tout payer. À un moment, il faut peut-être se montrer raisonnable !

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