Le terme de « défi » colossal est exactement celui qui caractérise la réalité dans laquelle nous nous trouvons.
L'inaction a duré quarante ans. On n'a pas seulement placé l'acteur public en obligation de tout remettre en état, mais de répondre à l'évolution de quarante ans de modes de vie des habitants. Il s'agit d'un double défi, réhabiliter ce qui existe afin que les installations puissent fonctionner dans les meilleures conditions de sécurité, de confort et de dignité - l'exemple de la ligne B est un exemple d'indignité - et, dans le même temps, faire en sorte que la capacité de la région Île-de-France reste à l'image de la vocation mondiale de ce territoire, qui nous concerne tous.
Le vrai problème vient du fait que l'acteur public, à chaque fois qu'il doit affronter ce double défi, hésite au point de ne rien faire. C'est ce qui s'est passé pendant quarante ans.
Je salue la loi de 2010, dont j'ai été un ardent défenseur. J'ai siégé ici, en commission mixte paritaire, tout en étant très perplexe sur les conditions que proposait le Gouvernement. Ce défi est celui nous tentons de relever. Beaucoup de questions qui ont été posées sont d'une très grande pertinence, relèvent de la compétence du STIF. À côté, ce réseau sera l'instrument de demain, qui modifiera la vie des gens d'aujourd'hui.
Quand vous êtes à Saint-Rémy-les-Chevreuse et que vous désirez aller à Nanterre, vous devez passer par l'intérieur de Paris. Demain, vous irez soit à Massy, soit à Arcueil-Cachan, et vous vous rendrez, par les axes, directement à Nanterre, réduisant ainsi de trois-quarts la durée du déplacement.
La Société du Grand Paris a été conçue comme l'opérateur qui allait réaliser ce réseau nouveau pour le territoire francilien des prochaines années. Pourquoi l'a-t-on fait ? Parce que les opérateurs préexistants étaient incapables de l'assumer.
C'est pourquoi on en est arrivé à l'idée de la Société du Grand Paris, que je défends aujourd'hui parce que je pense que c'est le seul moyen de faire bouger toutes les lignes en même temps. Sans cela, rendez-vous dans quarante ans, avec une situation pire encore, et en ayant raté les trains du Grand Paris mondial et le développement du territoire !
Les questions que vous posez, cher Francis Delattre, sont pertinentes. Je les ai évoquées avec Vincent Eblé et Michel Berson quand je présidais Paris Métropole. Le réseau que nous construisons n'aura de réalité que s'il sert l'intégralité du territoire francilien. C'est pourquoi le STIF, la RATP et la SNCF ont la responsabilité de réordonner l'intégralité du fonctionnement du réseau actuel qui, depuis trente ans, ne dessert pas les territoires éloignés. Quand il le fait, c'est dans des conditions qui ne sont plus compatibles avec la vie des gens.
Enfin, ce projet sert tous les territoires. La population s'est éloignée du coeur de Paris au fil des décennies et des siècles. Aujourd'hui, nous ne pourrons faire fonctionner ce territoire que si nous répondons aux besoins de tous.
Je me permets de dire enfin que ce projet comporte aussi une véritable démarche urbaine pour toutes les villes traversées. Toutes celles qui construisent une gare ont également engagé un processus de rénovation urbaine. Des ingénieries tout à fait nouvelles peuvent être mises en oeuvre, notamment en matière numérique. Je suis très marqué par la potentialité numérique que peut porter ce projet. On va faire travailler durant des années et des années des entreprises françaises dans ce secteur.
Au total, je pense que la création de la Société du Grand Paris est un choix pertinent, compte tenu de l'état catastrophique dans lequel se trouvait la région Île-de-France en matière de mobilité, et dont les premières victimes étaient les Français.