Bien sûr, nous aimons coproduire avec France Télévisions, notre partenaire naturel, comme avec les chaînes allemandes. Notre tutelle nous incite à créer, plutôt que d'acheter et à coproduire des créations originales et audacieuses. Cela nous différencie des autres chaînes du service public, en France comme en Allemagne. Nous avons aussi une obligation de première diffusion sur notre antenne, ce qui pose parfois problème pour nos projets de coproduction avec France Télévisions. Récemment, nous avons produit Carole Matthieu avec TV 5 Monde, France 3 a produit avec nous Les brigades internationales, nous avons coproduit avec France 2 Les jeux d'Hitler, nous avons une série sur l'esclavage avec l'outre-mer, nous multiplions les reportages communs avec France 24 et nous organisons des concerts avec Radio France, ainsi que du marketing croisé pour certaines émissions... J'espère qu'ARTE Journal Junior sera diffusé sur Franceinfo, ainsi qu'Educ'ARTE, notre plateforme pédagogique à destination des écoles. Alors que la plateforme de France Télévisions ne présente que des extraits de programmes, mais gratuitement, la nôtre ne présente que des oeuvres intégrales, dans lesquelles on peut découper des extraits pour un prix modique.
Notre priorité est d'investir sur des programmes, pour enrichir l'antenne. Et la SVoD est coûteuse, car il faut payer des droits sur lesquels les producteurs, qui y voient une ressource d'avenir, ne sont guère prêts à transiger. Ce n'est pas dans nos moyens. Aussi souhaitons-nous développer une politique de niche : l'éducatif, la musique classique - domaine dans lequel nous travaillons à créer une plate-forme en partenariat avec l'Allemagne, où sont les plus grands producteurs du secteur. Nous recherchons aussi un partenaire pour créer une plateforme de cinéma d'auteur, puisque nous en sommes, et de loin, le premier producteur et diffuseur en Europe. Tous ces projets - sauf Educ'ARTE - ne coûtent rien.
Nous sommes convaincus que dans quelques années la délinéarisation sera quasi-totale. Nous devons nous y préparer, surtout si nous voulons toucher les jeunes. Nous présentons parfois sur Internet une série de fiction, quitte à lancer un peu de VoD payante. Nous expérimentons aussi la possibilité de regarder les programmes de la journée dès le matin, afin de dégonfler la pression sur le prime-time. Bref, l'heure est à l'expérimentation.