Intervention de Hervé Poher

Réunion du 7 décembre 2016 à 14h30
Généralisation des contrats de ressources — Rejet d'une proposition de résolution

Photo de Hervé PoherHervé Poher :

Bref, plein de bonne volonté, j’étais prêt à foncer et je voulais être le chevalier blanc de la protection de l’eau…

On peut imaginer de grandes choses quand on est totalement inconscient ! Malheureusement, lorsqu’on est responsable d’une collectivité, on ne peut pas demeurer inconscient très longtemps.

Un mois plus tard, les mêmes personnes, qu’en privé j’appelais « mes tortionnaires » §se réunissaient pour aller plus loin dans la démarche. Et là, croyez-moi, je fus vite dégrisé, car la douche était un peu froide. On m’amenait les estimations financières, et elles étaient salées : 30 millions de francs hors taxe, et plus du tiers à charge de la commune ! En 1995, 30 millions de francs représentaient deux fois le budget annuel total de la commune ! Deux fois le budget annuel pour réparer un assainissement collectif, pour défoncer des rues, pour embêter les gens pendant des mois, voire des années, pour endetter la commune, pour augmenter les impôts et le prix de l’eau… Tout ça pour protéger de l’eau utilisée à 98 % par nos voisins !

On a beau être novice, inconscient et utopiste, il y a des choses qu’on comprend très vite, surtout quand elles ont un impact sur votre cote de popularité… Je n’en dirai pas plus.

C’est de cette réunion et de cette prise de conscience qu’est partie notre réflexion, basée sur une question simple. Est-il normal qu’une commune de 5 000 habitants assume entièrement la protection d’un champ captant qui sert à plus de 100 000 personnes ? Même avec une participation à hauteur de 40 % de l’agence de l’eau et autant de la part du conseil général, les 20 % restant à la charge des Guînois étaient un châtiment non mérité !

Nous avons alors inventé un contrat de ressources : 3 centimes de franc par mètre cube, c'est-à-dire 0, 0045 euro pour tous les consommateurs, y compris pour les Guînois, avec une exonération de certaines entreprises pour des raisons économiques. Grâce à cette initiative, nous avons tout fait. Tous nos travaux ont été réalisés, même ceux qui semblaient impossibles ou improbables. A posteriori, nous en sommes très fiers. Rien n’a été pris dans la poche du délégataire, tout a été financé par le budget de la commune.

Pourquoi cette anecdote ? Simplement pour vous rappeler que la directive-cadre sur l’eau a des objectifs qui sont logiques, qui sont nobles et qui ne sont pas irréalisables. Néanmoins, on ne pourra réussir que si l’on arrive à créer une dynamique collective avec les gros intervenants, mais aussi avec les petits maîtres d’ouvrage, avec l’ensemble des décideurs locaux et avec ceux qui sont sur le terrain et qui se trouvent confrontés, de façon quotidienne, au labyrinthe administratif et au casse-tête financier.

Un contrat de ressources, ça n’est qu’un petit plus pour aider les décideurs locaux à oser, à avancer et à être exemplaires.

L’objectif de la directive-cadre sur l’eau est clair : elle vise un bon état écologique de toutes les masses d’eau. Mais cet objectif ne pourra être atteint, même si l’échéance a été retardée, que grâce à des politiques nationales et locorégionales fortes, et grâce à des bonnes volontés locales.

Ce qui est valable pour l’eau l’est sans doute aussi pour bien d’autres politiques. Le seul juge de paix, c’est l’efficacité, et surtout le résultat ! Mes chers collègues, invitons la dynamique, tutoyons l’efficacité et osons le résultat. Pourquoi pas ?

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