Intervention de Sandra Rey

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 21 octobre 2016 : 1ère réunion
Cinquième table ronde : « la ville végétale »

Sandra Rey, fondatrice de la start-up Glowee :

Notre société utilise un phénomène naturel, la bioluminescence : c'est la capacité pour des organismes vivants de produire de la lumière. Ce projet, qui s'inscrit dans une démarche biomimétique, est d'ailleurs né après que nous avons visionné un reportage sur les poissons, capables de produire de la lumière sans électricité. Il s'agit donc d'apporter des réponses à des problématiques tant écologiques qu'économiques, en particulier en matière d'éclairage urbain.

En pratique, Glowee récupère les gènes, à l'origine de la bioluminescence, chez des organismes marins, notamment des bactéries présentes dans les calamars. Nous plaçons ensuite ces gènes dans d'autres bactéries, plus classiques, et nous les cultivons. Notre matière première est donc vivante et se reproduit de manière exponentielle, si bien que la ressource est quasiment illimitée.

Cette matière première va devenir une nouvelle source de lumière, afin de passer d'un système électrique à un système biologique et de réduire la consommation énergétique. Cela permet aussi de changer le paysage urbain, puisque la lumière, qui peut être utilisée de manière surfacique, est complètement différente, beaucoup plus douce. L'intensité peut ainsi être réduite, sans affecter l'éclairage de la zone en question. Nous agissons ainsi sur la pollution lumineuse.

Nous n'avons pas une vision radicale, à savoir remplacer toute la lumière électrique existante à travers le monde. L'important, à nos yeux, est que la meilleure source d'énergie se trouve au meilleur endroit. Ainsi la bioluminescence sera-t-elle beaucoup plus pertinente dans les endroits où la lumière sert à donner de la visibilité ou à mettre en valeur : vitrine de magasin, façade de bâtiment, signalétique, mobilier urbain, etc. Énormément d'usages sont liés à cette visibilité ; de nombreux remplacements peuvent donc être opérés, d'où un fort impact environnemental.

Notre démarche découle, je l'ai dit, du biomimétisme : nous observons ce que la nature est capable de faire. Or nous devons être conscients que celle-ci constitue l'usine la plus propre qui existe : elle ne produit finalement pas de déchets non recyclables, contrairement aux humains.

Nous utilisons les nouvelles technologies, en particulier la biologie synthétique, pour coder de l'ADN, comme nous le ferions dans le domaine de l'informatique, et ainsi imiter la nature et obtenir ses bienfaits. Cela permet de repenser complètement la manière dont on illumine : il s'agit d'utiliser non plus un objet, l'ampoule, mais une matière première, qui peut prendre toutes les formes. Cela permet aussi de réduire les consommations énergétiques et de se passer de certaines infrastructures, parfois lourdes et coûteuses, au profit de systèmes autonomes, qui ne nécessitent pas, par exemple, de tirer des fils.

Nous proposons donc une nouvelle manière de traiter la lumière. En ce qui nous concerne, nous vendons non pas un produit, mais plutôt un service : nous récupérons une biomasse en fin de vie, constituée de bactéries, pour la valoriser en énergie renouvelable. Ainsi, nous entrons pleinement dans la logique de l'économie circulaire : un produit devient un service, ce qui permet de révolutionner complètement la manière de consommer. Et les conséquences économiques et écologiques sur le paysage urbain sont très intéressantes.

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