Intervention de Clément Willemin

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 21 octobre 2016 : 1ère réunion
Cinquième table ronde : « la ville végétale »

Clément Willemin, cofondateur de COAL, architecte-paysagiste BASE Paris :

Je suis chargé d'évoquer devant vous le travail de Thierry Boutonnier, qui, retenu par d'heureuses raisons familiales, regrette de ne pouvoir être présent aujourd'hui. Thierry est un ami artiste qui mène, dans le cadre du programme culturel du Grand Paris Express, dont la direction artistique a été confiée à Jérôme Sans et José-Manuel Gonçalvès, un projet « Appel d'air », sur l'idée du végétal comme lien entre les personnes. Il s'agit de planter des arbres et de créer des pépinières urbaines, en particulier sur les parvis des futures stations. On pourrait qualifier le projet de « sculpture sociale », d'après une expression quelque peu barbare qui a été inventée dans les années soixante-dix par Joseph Beuys, qui avait en son temps planté sept mille chênes en Allemagne.

Je m'occupe aussi d'une association qui s'appelle COAL, ce qui signifie à la fois « charbon », en anglais, et « Coalition des acteurs de l'art contemporain et du développement durable ». Nous faisons la promotion d'artistes, comme Thierry Boutonnier, qui se saisissent des problématiques environnementales, notamment pour leur permettre d'accéder à la commande publique.

Il est important que la ville se fasse avec les artistes, les urbanistes, les architectes. Il existe différentes techniques pour « faire la ville » - la promotion immobilière, la réglementation, etc. -, mais nous ne devons pas oublier le paysage, qui n'est pas plus mauvais que l'idéologie architecturale ou la libre économie et qui a ses propres vertus.

J'ai également une société qui s'appelle BASE, pour « Bien aménager son environnement ». Nous essayons de « faire la ville » au rythme du végétal et de la géographie, afin d'organiser, d'agencer et d'aménager. Et pour cela, nous utilisons les mouvements du territoire : le fil de l'eau, la pente, la topographie ; avec cette idée que l'espace public est important. Quand on interroge les citadins, en particulier les Parisiens, sur les améliorations à apporter à leur ville, ils répondent, d'abord, qu'il faut davantage d'espaces verts, avant d'évoquer les questions de sécurité ou d'accès au numérique.

La ville se constitue autant avec le vide qu'avec le plein. Le végétal, qui est un peu des deux et qui a un côté immatériel, correspond donc bien à la ville. Dès lors, nous devons non pas limiter la construction de la ville à l'architecture et à une pensée matérielle, mais l'élargir à l'immatériel, en incluant le numérique, le monde végétal et la biodiversité. La ville n'est pas faite uniquement pour nous. Elle est aussi là pour vivre en cohabitation avec les insectes ou les oiseaux, qui nous font généralement plus de bien que de mal.

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