Je suis maire d'une commune de 7 500 habitants, présidente d'une communauté de communes de 25 000 habitants et présidente de l'association des Petites cités de caractère de France, qui représente 130 petites communes et 250 000 habitants. Cette association me semble assez exemplaire des actions qui peuvent être entreprises et je pense que ces actions peuvent nous permettre de convertir les élus locaux qui ont peu d'appétence pour la culture et le patrimoine, et qui sont aujourd'hui très contraints par des restrictions budgétaires qui rendent la dépense culturelle plus difficile.
Voilà plus de quarante ans, nous avons pris conscience que de petites communes de Bretagne de 400 à 500 habitants abritaient des trésors de patrimoine dont l'intérêt dépassait largement celui de la commune, puisqu'ils étaient constitutifs de l'histoire de cette région. Ce patrimoine menaçait ruine et nous ne pouvions pas laisser ces petites communes le porter seules. La Bretagne a pensé que, loin d'être une charge, ce patrimoine constituait un levier de développement et d'aménagement du territoire. Je citerai l'exemple de Rochefort-en-Terre, une petite cité de caractère du Morbihan de 700 habitants qui accueille aujourd'hui un million de visiteurs. Grâce à son patrimoine et à l'animation culturelle mise en place autour de celui-ci, elle est devenue l'un des villages les plus appréciés des Français. Ce sont le patrimoine, et le tourisme qu'il génère, qui permettent à cette commune de conserver une école et ses commerces.
Le patrimoine et la culture doivent être liés. Le patrimoine doit s'inscrire dans la modernité et avoir un usage. Dans ma commune, nous avons restauré une chapelle du XIIe siècle et nous y avons installé un modeste centre d'art contemporain. Le financement soulève des pistes de réflexion dont le Sénat doit se saisir. L'État doit, en la matière, jouer un rôle d'accompagnateur et de facilitateur. Nous devons aussi développer la mise en réseau et encourager le mécénat. Le Fonds Leclerc a proposé cet été une exposition Chagall, à Landerneau, d'une très grande qualité, en plaçant la culture au plus près des publics. Je pense que nous devrions encourager la défiscalisation du mécénat si nous voulons que la culture réponde à ce rôle essentiel de préservation de l'éducation et de la civilisation.
Enfin, j'approuve la décentralisation des musées. La culture doit être placée au plus près des populations. Il faut démystifier et désacraliser la culture. Trop de gens hésitent encore à franchir la porte d'un musée ou d'une médiathèque parce qu'ils se sentent intimidés, voire indignes. Chacun doit croiser la culture sous toutes ses formes dans son quotidien.