Intervention de Daniel Reiner

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 7 décembre 2016 à 8h35
Questions diverses — Communication sur la mission de la commission à la 71e assemblée générale de l'onu et à washington

Photo de Daniel ReinerDaniel Reiner :

Notre commission a également participé au Forum transatlantique de l'AP-OTAN : j'étais présent à Washington avec Jean-Marie Bockel, Michelle Demessine et Joëlle Garriaud-Maylam. Nous y avons rencontré des sénateurs républicains conduits par Michaël Turner, ancien président de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN.

Il ressort de cet entretien beaucoup de confusion sur ce que pourrait être la future politique étrangère américaine. Le plus certain est que l'avenir est incertain. Les parlementaires rencontrés sont, eux aussi, plongés dans l'incertitude. L'un d'entre eux affirme, au moins, que Monsieur Trump étant un homme intelligent, il s'adaptera et il ne fera donc peut-être pas tout ce qu'il a annoncé lors de sa campagne.

Il est clair que Donald Trump rompt avec les modalités traditionnelles de transition à la Maison-Blanche où les équipes, le cas échéant, de bords opposés travaillent ensemble sur les dossiers en cours. À l'inverse, Donald Trump prend des initiatives seul, comme le montrent celles qu'il a prises vers Taipei ou le Pakistan, sans prévenir le département d'État en charge. Ce comportement est déroutant.

Du point de vue de ces parlementaires, il n'existe pas « d'accord » avec l'Iran sur le nucléaire, mais un « marché ». Ce marché est, pour eux, inégal et laisse les mains trop libres à l'Iran. Ils souhaitent donc le remettre en cause. La chose ne semble toutefois pas si simple puisque cet accord prend bien de notre point de vue la forme d'un engagement international. La volonté de défaire cet accord est néanmoins présente.

En ce qui concerne l'accord de Paris, nos interlocuteurs mettaient l'énergie au centre du débat. Ils voient dans les ressources en pétrole du Texas un moyen de se substituer à l'approvisionnement russe ou iranien. Ils souhaitent également remettre en cause certains traités dont les traités transatlantiques et transpacifiques, l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) en premier et les autres par la suite. Des échanges bilatéraux sont censés les remplacer, qui devront être de nature « gagnant-gagnant », afin que les États-Unis ne soient plus « lésés » comme Trump pense qu'ils l'ont été sous la présidence de Barack Obama.

Les think tanks démocrates sont très inquiets car ils ont l'impression que l'action du futur président sera dramatique à la fois pour les États-Unis comme pour l'équilibre du monde. Ils ne partagent pas, par exemple, l'optimisme des républicains qui pensent que Donald Trump changera de position vis-à-vis de l'OTAN si les autres membres de l'Alliance augmentent leurs contributions financières. Deux professeurs démocrates ont affirmé penser qu'il allait, au contraire, remettre en cause la présence américaine dans le monde, y compris par rapport aux décisions du conseil de l'OTAN à Varsovie.

Certains membres de l'OTAN nourrissent des inquiétudes : en cas d'attaque, les États-Unis les soutiendraient-ils, comme le stipule notamment l'article 5 du traité de l'OTAN ? Il ne s'agit plus là d'une certitude pour eux.

Nous convenons, comme Donald Trump, qu'il faut dialoguer avec la Russie. Mais les termes de la rhétorique de Donald Trump sont moins que clairs. Une position de force ne semble plus, de son point de vue, nécessaire ? et le cercle d'influence que met en place la Russie semble lui paraître tolérable.

Il ne faut, pour l'heure, pas tirer de conclusions trop hâtives de ces premières impressions, recueillies dans la phase de transition, mais il faut aussi rappeler que l'Occident a des valeurs, d'ailleurs présentes dans la Charte de l'OTAN de 1947 et qu'il n'est pas question que quiconque s'en éloigne. Or ces valeurs ne sont pas celles que Donald Trump a le plus mises en avant jusqu'alors. Même les républicains paraissent, à ce titre, inquiets.

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