Un mot sur le Forum « Paix et sécurité » de Dakar où Jeanny Lorgeoux, Cédric Perrin et moi étions avec quatre députés aux côtés du ministre de la défense, pour le troisième sommet de ce type sur la paix et la sécurité en Afrique. Si les deux premiers sommets avaient été organisés par la France, celui-ci a été mis en place à l'initiative du président sénégalais, avec le soutien du ministère de la défense français.
Un panel de haut niveau était réuni puisque le président nigérian, le président du Cap-Vert, le premier ministre du Mali, le premier ministre du Togo, le vice-président du gouvernement libyen, le haut représentant des Nations unies et la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Federica Mogherini accompagnaient, entre autres, le président sénégalais. Cette dernière a fait une déclaration sur le financement par l'Europe des équipements non-létaux pour la formation des troupes maliennes. La représentante chinoise a élégamment fait - en français - une intervention très remarquée. Le vice-ministre des affaires étrangères japonais est, lui aussi, intervenu. Cela illustre bien que les Chinois et les Japonais sont devenus des acteurs incontournables de l'aide au développement en Afrique.
Parmi les tables rondes organisées, une sur l'approche globale, par les pays musulmans africains, de la radicalisation et la montée du salafisme a été particulièrement intéressante. Son objet était de réfléchir sur la manière dont ces pays pouvaient construire une réponse collective. Il en ressort que cette réponse devra être apportée par les pays africains eux-mêmes, avec le soutien de la France, de l'Europe, mais également des Nations unies. La France a, à ce titre, rappelé le fondement en droit international de ses interventions militaires, basées soit sur un mandat des Nations unies, soit sur une demande des pays concernés eux-mêmes. Le ministre de la défense a rappelé que le but de la France n'était pas de rester durablement à la suite des opérations militaires destinées à résoudre la phase aiguë des crises.
Aux deux piliers préexistants que sont la paix et la sécurité, la démocratie est apparue pour un certain nombre d'acteurs présents comme en étant un troisième. Certains autres sont, cependant, restés en retrait sur ce thème. Le développement durable et la piraterie maritime, thème déjà abordé à la Conférence de l'UA à Lomé, ont également été mis en avant. Madame Mogherini a affirmé être prête à ce que soit mise en place une action de marine européenne dans le golfe de Guinée pour endiguer ce phénomène, à la manière des opérations EUNAVFOR Atalanta (European union naval force Atalanta) et Sofia.
Notre délégation a également pu s'entretenir, en marge de ce Forum, avec le ministre de la défense français - et avec le vice-président de l'Assemblée sénégalaise. Cette assemblée siège en ce moment pour l'adoption de son budget 2017. Nous avons également eu l'opportunité d'échanger avec les parlementaires sénégalais membres du groupe d'amitié France-Sénégal ainsi qu'avec les présidents de leurs commissions des affaires étrangères et de la défense. Il existe donc une volonté de leur part de travailler et d'avancer avec nous sur ces sujets.
Des échanges plus approfondis ont eu lieu à propos des accords d'Alger relatifs au règlement de la crise au Mali. Le sujet de Boko Haram a également été abordé avec le Nigeria, le Cameroun et avec le Tchad. Ces pays partagent un engagement fort et la volonté de lutter. Je pense notamment ici à l'implication personnelle du président nigérian à ce sujet.
La présence du vice-président du gouvernement de Tripoli maintenant reconnu par la communauté internationale a été l'occasion d'aborder les problématiques libyennes, dont la prise de Syrte. Il n'est pas sûr qu'elle profite véritablement au président intérimaire puisque la victoire sur Daesh n'y a pas été remportée par une armée libyenne, mais par une milice. Les troupes du général Haftar progressent, elles, dans l'Est, avec des succès contestés. Si nous ne savons pas réellement à quoi vont aboutir ces mouvements, la présence de la Libye à ce sommet a tout de même été soulignée.