Intervention de Michelle Demessine

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 11 janvier 2017 à 10h05
71e session de l'assemblée générale des nations unies — Forum transatlantique - communications

Photo de Michelle DemessineMichelle Demessine :

J'aimerais quant à moi vous parler des « dossiers oubliés » à l'ONU. Nous avons pu constater que le processus de paix au proche orient est quasiment « passé à la trappe », car le conflit syrien écrase l'actualité du Conseil de sécurité.

La résolution contre la colonisation, adoptée fin décembre, fait exception. Il faut évidemment saluer cette résolution même si les conditions de son adoption envoient des signaux négatifs : Donald Trump a fait pression pour empêcher son vote, en publiant, contrairement aux usages, un communiqué de presse enjoignant l'administration Obama de mettre son veto. Outrepassant les règles voulant qu'un président élu n'intervienne pas avant son intronisation, il a contacté directement le président égyptien Sissi, pour lui demander de retirer le projet de résolution, ce que l'Égypte a fait - avant que d'autres membres du Conseil ne prennent le relais pour mettre au vote la résolution, qui a été adoptée le 23 décembre, et est devenue la résolution 2334.

On ne peut donc qu'être inquiet pour l'avenir : le futur ambassadeur américain en Israël, M. Friedman, avocat spécialiste du droit des faillites, sans expérience diplomatique, fils de Rabin, préside une association qui finance des activités dans les colonies en Cisjordanie, qu'il ne désigne pas comme telle, mais comme la « Judée et la Samarie. ». Il soutient la relocalisation de l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem, évoquée par Donald Trump.

Le droit des femmes me semble le deuxième dossier oublié à l'ONU. Les femmes représentent environ 80% des victimes de la traite des êtres humains. Plus de 120 millions de filles et de femmes dans le monde ont subi une mutilation sexuelle.

La défense des droits des femmes, la promotion de l'égalité femmes-hommes, la lutte contre les violences fondées sur le genre et l'utilisation des femmes comme arme de guerre constituent toujours l'une des priorités de la diplomatie française, mais nos diplomates se trouvent parfois assez seuls.

La France porte ce discours dans toutes les enceintes multilatérales. Elle est particulièrement attachée au respect de la Convention sur l'élimination de la discrimination, des conférences du Caire (1994) et de Pékin sur les femmes (1995). Dans le cadre de l'agenda du développement, la France a demandé un objectif d'égalité entre les femmes et les hommes, et que les droits des femmes soient pris en compte de façon transversale dans les autres objectifs. La France a contribué à l'adoption des résolutions Femmes, paix et sécurité du Conseil de sécurité.

Mon sentiment personnel est pourtant que, si nos diplomates restent actifs et motivés, le vent ne leur est pas favorable. Le contexte est marqué, à l'ONU comme ailleurs, par le retour des conservatismes et des obscurantismes. La dynamique n'est plus aussi forte qu'au moment de la conférence de Pékin. C'est pour moi une source d'inquiétude car l'ONU peut jouer un rôle important sur tous ces sujets.

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