Intervention de Jean-Pierre Raffarin

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 11 janvier 2017 à 10h05
71e session de l'assemblée générale des nations unies — Forum transatlantique - communications

Photo de Jean-Pierre RaffarinJean-Pierre Raffarin, président :

Voici un premier regard sur l'ONU. Ce qui est très préoccupant c'est que le multilatéralisme est aujourd'hui en cause. D'ailleurs nous-mêmes, quelques fois, dans cette commission, nous comprenons ces réticences. On voit bien que cet appétit pour le bilatéral est un appétit assez mondial, qui peut conduire à des égoïsmes et des rapports de force. On en revient à ces États-puissances qui privilégient des relations de force bilatérales avec une augmentation des tensions et avec une attitude vis-à-vis de l'ONU qui la fragilise. Ce budget de l'ONU, qui est financé à 28% par les États-Unis, on voit bien la tentation qui pourrait être celle de Donald Trump de verrouiller et de limiter les moyens de l'ONU. Cela fragiliserait le multilatéralisme.

On en arrive à ce paradoxe où ce sont les Chinois qui sont les plus engagés pour défendre le multilatéralisme puisque le Président Xi JINPING a annoncé une participation au financement de l'ONU de plus d'un milliard de dollars et de 8 000 hommes pour les opérations de maintien de la paix. Les Chinois investissent dans l'ONU, au nom du multilatéralisme, mais, c'est aussi une démarche de puissance. Les États-Unis sont à l'inverse tentés par le bilatéralisme de pays à pays au détriment des ensembles multilatéraux, y compris le projet européen. Nous pensons que la France doit soutenir le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui est un homme expérimenté et politiquement fin, un homme de dialogue, pour rétablir une dynamique multilatérale. On voit bien qu'autrement on risque d'être dans des coalitions de circonstance -comme en Syrie- et non des stratégies globales de paix. On voit bien qu'il y a dans le monde une aspiration à l'efficacité, à la simplicité, au bilatéral, mais il y a un certain nombre de sujets où seul le multilatéral permettra de faire avancer la paix.

C'est un peu le malaise que nous avons ressenti lors de cette étape new-yorkaise. Voyons maintenant l'étape de Washington juste après l'élection de Donald Trump, pendant cette période assez étrange où tout le monde était dans la surprise et l'inquiétude. Même des Républicains ayant participé à la campagne de Trump ne donnaient pas l'impression de savoir où ils allaient vraiment, l'incertitude et l'imprévisibilité étant les impressions dominantes. Sur ces points, nous écoutons vos réactions Michèle Demessine.

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