J'étais présent à Marrakech en tant que porte-parole chargé du climat pour l'organisation Cités et gouvernements locaux unis (CGLU). Nous avons participé à des événements organisés en parallèle de la conférence qui portaient sur des sujets nouveaux par rapport aux années précédentes. Je pense par exemple au projet Zenta, à côté de Casablanca, qui vise à créer une éco-cité de 300 000 habitants.
Autre avancée : les responsables chinois ont présenté un projet de restructuration de leurs filières aluminium et ciment visant à économiser deux fois le niveau des émissions de CO2 du Royaume-Uni.
Cette nouvelle dimension des projets m'a semblé marquante. Elle explique le résultat le plus intéressant qui a été annoncé lors de cette conférence : les émissions mondiales de CO2 se stabilisent malgré la poursuite de la croissance économique mondiale. Ceci est notamment lié au développement des énergies renouvelables. Il y a un début de révolution technologique qui est palpable.
La conférence de Marrakech marque la première année d'application de l'Agenda de l'action décidé à Paris. Cette thématique a été au coeur d'une partie des négociations officielles. Nous avons ainsi réussi à inclure dans un des textes conclusifs la nécessité de financer la planification territoriale par le Fonds vert pour le climat.
Sur le plan politique, la COP22 a été portée par la dynamique de la ratification exceptionnellement rapide de l'Accord de Paris. Je constate toutefois qu'il n'y a pas eu de leadership politique au cours de la négociation, ce qui est lié au calendrier politique : après les élections législatives, les Marocains ont été dans l'incapacité de former un Gouvernement, ce qui a affaibli la présidence de la COP. L'élection de Donald Trump a par ailleurs contribué à cette difficulté, de même que l'entrée de la France et de l'Allemagne en période électorale.
Parmi les grandes annonces de la COP22 figure le programme allemand de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui a été présenté par la ministre de l'environnement Barbara Hendricks et qui comporte des objectifs extrêmement ambitieux, notamment la réduction des deux tiers des émissions liées au charbon d'ici 2030. Les Allemands, qui sont en train de sortir du nucléaire, s'engagent désormais dans la sortie du charbon, avec pour objectif d'avoir une économie neutre en carbone en 2050.
Au niveau de l'Union européenne, le Parlement européen doit encore se prononcer sur la répartition de l'effort entre les États membres de l'objectif européen de réduction des émissions de CO2 présenté lors de l'Accord de Paris. Nous sommes dans un moment de forte dynamique, mais il n'est pas certain que nous disposerons à la fin de l'année 2017 de cadres d'action étatiques qui soient à la hauteur.