Les implantations sont une conséquence de la guerre des Six jours de 1967. Nos voisins voulant nous éliminer, nous avons mené une guerre préventive et nous avons occupé des territoires en Cisjordanie. Aujourd'hui, quelque 100 000 Israéliens y habitent et notre Gouvernement ne peut ignorer cette situation. En outre, pour beaucoup d'Israéliens, ces lieux ont une signification historique et renvoient à l'histoire juive depuis les temps bibliques. Les électeurs israéliens ont choisi d'élire un Gouvernement de droite, et M. Netanyahou n'est pas le plus à droite au sein de la coalition. Il doit donc prendre en compte les inclinaisons politiques de ses partenaires, même de ceux qui sont les plus à droite.
Depuis le processus d'Oslo, il y a vingt ans, les Israéliens et les Palestiniens se sont éloignés, ce que je regrette. Mes enfants n'ont pas le même état d'esprit que celui qui était le mien à leur âge.
N'oublions pas non plus qu'outre les Palestiniens, avec qui la paix n'est pas inenvisageable, d'autres veulent notre perte : le Hezbollah au Liban, entité hostile à Israël, dispose de 100 000 missiles dirigés vers notre pays. Il est soutenu par l'Iran, qui reste la menace principale. Ce pays soutient également la Syrie et le Hamas. Nos voisins veulent qu'Israël disparaisse. Une telle situation ne peut pas ne pas avoir de conséquences sur notre façon de voir les choses.
Certes, un accord international a été signé avec l'Iran il y a un an et la communauté internationale, y compris la France, ont placé de grands espoirs dans ce pays. Mais sa stratégie au Moyen-Orient, notamment au Yémen, devrait vous amener à vous interroger. Je vous renvoie à un article publié aujourd'hui par le ministre des affaires étrangères saoudien dans un de vos grands quotidiens : il évoque la menace iranienne dans la région. Outre Israël, les pays du Golfe se sentent désormais menacés. Nous notons un certain changement dans l'attitude de ces pays à notre égard, même si nous n'avons pas de relations diplomatiques, du fait des craintes que nous avons à l'encontre de l'Iran. Cela explique sans doute pourquoi la population israélienne est de plus en plus à droite. C'est un vrai problème pour l'avenir.
Pourtant, Israël est prêt à évoquer tous les sujets, y compris ceux concernant les implantations. Nous ne pouvons cependant ignorer les 400 000 personnes qui vivent dans ces colonies. L'implantation d'Amona est illégale et la Cour Suprême a ordonné son évacuation. Le Premier ministre et le ministre de la défense ont soutenu la décision de la Cour, mais certaines voix de la coalition se sont élevées contre l'évacuation. Une nouvelle décision de la Cour devrait intervenir prochainement et elle sera appliquée, même si l'opposition y est hostile. Mais il faut bien constater le renforcement de l'opposition, ce qui est un vrai problème.
Nous espérons que la nouvelle administration des États-Unis mettra la pression sur M. Abbas. Certes, il est affaibli, mais des discussions sont toujours possibles. D'ailleurs, nous avons entamé une coopération avec lui, en signant des accords sur l'eau et l'énergie il y a quelques semaines. Chaque jour, 100 000 Palestiniens entrent en Israël pour travailler. Dans les implantations de Cisjordanie, 30 000 Palestiniens travaillent dans des sites industriels. Ce sont des éléments positifs qu'on ne peut passer sous silence.
Un point d'histoire : avant que Jérusalem ne soit réunie en 1967, les juifs n'avaient pas le droit de se rendre au Mur des lamentations pour prier. Depuis, tout le monde peut pratiquer librement son culte. Nous attendons qu'Israël soit reconnu comme État juif. Cette année, nous fêterons le centenaire de la déclaration de Balfour qui avait reconnu au peuple juif le droit de s'établir en Israël. Les Palestiniens ont d'ailleurs engagé une campagne contre cette déclaration. Il ne s'agit donc pas des implantations mais bien de l'existence même d'Israël. Ils refusent de reconnaître Israël comme l'État nation du peuple juif. Être juif, ce n'est pas qu'une religion, c'est aussi une nationalité. Je ne suis pas pratiquante, mais ma nationalité est juive.
Un exemple : sur le marché de Noël, les Palestiniens avaient pour la première fois un stand et ils proposaient un plan d'Israël où les villes israéliennes n'étaient pas mentionnées ; on y trouvait que les noms arabes des villes. Que devons-nous comprendre de ce comportement ? Quel est le symbole caché ? Le problème, ce ne sont pas les implantations, mais bien l'existence même d'Israël.
Hier, Donald Trump a dit que les Palestiniens avaient trop reçu de la communauté internationale et qu'ils devaient montrer qu'ils voulaient conclure la paix avec Israël. Il a également confirmé qu'il allait transférer l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. N'oublions pas non plus que les relations entre Israël et les États-Unis sont des relations stratégiques, quel que soit le président. Ce n'est pas au Conseil de Sécurité ni au Conseil des droits de l'Homme, ni à la Conférence de Paris que les discussions de paix doivent avoir lieu, mais bien directement entre Israéliens et Palestiniens. Le refus des Palestiniens de négocier ne doit pas aboutir à un diktat de la communauté internationale à l'encontre d'Israël. N'oubliez pas non plus que des pays arabes ne sont pas très favorables à Israël et ils font pourtant partie de ce que vous appelez la communauté internationale. Même l'ancien secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, a souligné la discrimination dont était victime Israël au sein des organisations internationales. Que penser d'une organisation internationale qui nie les relations entre le peuple juif et Jérusalem ?
Nous avons signé un accord avec la Turquie il y a quelques mois, alors que nos relations étaient très tendues depuis l'incident de la flottille. Là où il y a une volonté, il y a un chemin, dit-on. Ayons la volonté !