Intervention de Carole Bienaimé Besse

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 25 janvier 2017 à 9h40
Audition de Mme Carole Bienaimé besse candidate désignée par le président du sénat aux fonctions de membre du conseil supérieur de l'audiovisuel en application de l'article 4 de la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication

Carole Bienaimé Besse, candidate aux fonctions de membre du CSA :

L'avenir et la santé de l'audiovisuel public sont au coeur des préoccupations des créateurs, des producteurs, des auteurs, des diffuseurs.

De nombreux pays européens ont connu des réformes radicales : les coûts ont été rationalisés, les modèles réinventés. En France, notre modèle est à bout de souffle et il faut trouver de nouveaux modes de financement. Cela passe bien sûr par la CAP : faut-il en élargir l'assiette aux nouveaux supports (tablettes, téléphones...) au risque de pénaliser les plus jeunes, les plus fragiles ? Faut-il la mensualiser ? Une contribution par foyer ne serait-elle pas plus équitable ? Cette réflexion devra être rapidement menée.

Pour lancer la chaîne Franceinfo, les coûts ont été mutualisés. La BBC propose un modèle intéressant ; la qualité de son information et de ses fictions, qui s'exportent dans le monde entier, est unanimement reconnue. Le groupe RTBF est également parvenu à repenser son modèle.

Une réforme de fond sera nécessaire au cours des années à venir et le financement devra être réinventé, même si beaucoup d'annonceurs sont revenus à la télévision après l'avoir quittée pour le web. Le label « vu à la télé » est en effet très important. Mais n'oublions pas que la télévision se consomme désormais aussi en différé, sur Internet. Il faudra donc revoir la place des annonceurs.

Un studio à France Télévisions permettrait de proposer des programmes à l'exportation. C'est d'ailleurs en ce sens que travaille Delphine Ernotte.

Nous pourrions également réfléchir, avec les créateurs et les producteurs, à une meilleure répartition des moyens du service public audiovisuel. Le rapport rédigé par MM. Leleux et Gattolin était sur ce point très intéressant. Le rapport de M. Plancade sur les relations entre les producteurs audiovisuels et les éditeurs de services de télévision traçait également des voies qu'il nous faut explorer.

J'ai bien conscience que de telles réformes ne sont pas aisées à mener, mais d'autres avant nous y sont parvenus. Nous sommes aujourd'hui au pied du mur.

Pour ce qui concerne la radio numérique terrestre, le modèle économique n'est pas encore stabilisé. Au sein du CSA, le conseiller Patrice Gélinet propose des pistes intéressantes pour rendre la radio plus accessible. Ce média est en effet très important ; il crée du lien social et touche à l'intime.

Concernant les offres et les usages, la télévision est aujourd'hui consommée en différé, mais c'est aussi un moyen de reconquérir le public jeune, notamment au travers des séries, comme Game of Thrones. Le pouvoir des marques en tant que programmes est parfois plus fort que le nom des diffuseurs. Il va falloir offrir des programmes ambitieux, et pourquoi pas clivants, sans craindre de laisser les névroses des auteurs s'exprimer. Les séries me semblent importantes, car elles permettent d'instaurer des sortes de rendez-vous avec les téléspectateurs. L'identité des programmes doit se renforcer pour que les jeunes et les catégories socio-professionnelles supérieures, qui ont abandonné la télévision, y reviennent, générant davantage de revenus publicitaires.

Concernant le renouvellement du mandat de la présidente de France Médias Monde, que de chemin parcouru en dix ans ! Je me souviens de l'annonce de la création de France 24. La France a besoin de cette voix à l'international, en particulier pour répondre aux fausses informations diffusées sur les réseaux sociaux. Le travail effectué par Mme Saragosse devra donc être poursuivi.

Il serait formidable pour les producteurs que TV5 Monde produise de nouveaux programmes. Mais cela suppose de dégager des moyens pour financer toute la chaîne de fabrication, auteurs, réalisateurs, et offrir des programmes compétitifs et de qualité.

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