Intervention de Nathalie Depoire

Commission des affaires sociales — Réunion du 1er février 2017 à 9h35
Table ronde sur la problématique de la qualité de vie au travail des personnels hospitaliers avec des représentants des syndicats infirmiers

Nathalie Depoire, présidente de la coordination nationale infirmière :

Les conditions de travail à l'hôpital se sont fortement dégradées, et pas uniquement pour les infirmiers, même si c'est sans doute la profession la plus atteinte : depuis l'ouverture d'une plateforme d'accueil téléphonique en novembre dernier, par l'association « soins aux professionnels de santé », plus de 350 appels de détresse ont été comptabilisés - et les suicides de l'été dernier ont mis en lumière nos difficultés. Voilà des années que nous interpellons les pouvoirs publics. Dès 2004, une grande étude européenne montrait les insatisfactions et la difficulté à communiquer au sein des établissements. Une étude sur les médecins parvenait aux mêmes conclusions. Et rien n'a été fait, sinon des réformes successives - loi hôpital, patients, santé et territoires, loi santé - pour faire monter les chiffres sans tenir compte de l'humain. Or nous sommes des professionnels de santé, et nous voulons prodiguer des soins de qualité. La logique budgétaire et la tarification à l'activité (T2A) n'intègrent pas la pertinence et l'efficience des soins, ce qui nous pose problème. Et l'adaptation promise des moyens en cas de forte activité n'a pas été effectuée.

Il faut réfléchir à l'adéquation des effectifs à la charge de travail réelle au lieu de réorganiser l'hôpital selon une logique budgétaire : un lit n'en vaut pas un autre ! Selon les types de soins et les charges de travail annexes, un service de vingt lits peut être plus lourd qu'un service de trente lits. Et souvent, pour 30 lits, on ne laisse qu'une infirmière et une aide-soignante. Résultat : impossible de suivre les patients comme on le voudrait. Par exemple, faute de pouvoir les accompagner aux toilettes, on impose le port de couches, ce qui s'assimile à de la maltraitance. Les professionnels culpabilisent, souffrent et s'épuisent dans de telles conditions. Ils se sentent souvent seuls au chevet du patient dont ils sont seuls à recevoir les doléances - même si ceux-ci commencent à écrire aux directeurs d'hôpitaux. Quand j'ai commencé, il y a vingt ans, il y avait des réunions de service. Pourquoi celles-ci ont-elles disparu ? Parce que le temps de travail est désormais décompté, minuté, chiffré. Pour économiser, on diminue le temps de transmission d'une équipe à l'autre. Au total, cela dégage des postes supplémentaires. Mais dans ces conditions, comment restaurer le dialogue ?

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