Intervention de Laurent Stefanini

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 1er février 2017 à 10h15
Audition de M. Laurent Stefanini ambassadeur délégué permanent de la france auprès de l'unesco accompagné de M. Daniel Janicot président de la commission nationale française pour l'unesco

Laurent Stefanini, ambassadeur, délégué permanent de la France auprès de l'UNESCO :

Je suis très fier de vous exposer la politique de la France à l'UNESCO : il est dans notre intérêt d'y avoir une présence forte. Le plan d'action que vous avez évoqué, madame la présidente, a été élaboré six mois après la prise de mes fonctions ; il est le produit de la réflexion que j'ai menée et est destiné à fixer le cadre de mon action pour les prochaines années. Il a été revu au sein de la direction compétente du ministère des affaires étrangères, avec le concours des différents ministères ayant affaire à l'UNESCO. Il est désormais en attente de son approbation par le ministre.

La première partie de ce plan d'action porte sur le contexte et l'environnement.

L'UNESCO est avant tout une structure onusienne. Cette institution date de l'après-guerre et a fêté son soixante-dixième anniversaire en 2015. L'UNESCO a vieilli : sa gouvernance est complexe, d'autant plus qu'elle compte 195 États membres - soit deux de plus que l'ONU : la Palestine et Niue - et que son conseil exécutif, à la différence du Conseil de sécurité des Nations unies, ne comporte pas de membres permanents. Ses organes sont lourds à mouvoir et le travail de ses commissions compliqué par la diversité des représentations. De surcroît, son secrétariat est réduit. Il s'agit en somme d'une petite structure, dont le budget s'élève à 280 millions de dollars et qui compte 2 000 fonctionnaires, y compris ceux affectés dans les 53 bureaux hors siège.

L'UNESCO est également un cadre d'action internationale. Léon Blum, qui avait beaucoup oeuvré en faveur de sa création, la qualifiait de « conscience des Nations unies ». À mon sens, l'UNESCO est avant tout un label, qui permet de reconnaître la valeur d'un patrimoine, matériel ou immatériel. De par son mandat, il s'agit d'une institution touche-à-tout, dont les champs d'action sont très vastes : l'éducation, même si l'UNESCO a manqué de devenir l'agence publique internationale de développement dans ce domaine, les sciences et la culture - la dernière convention adoptée en la matière est celle de 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, qui avait été portée par la France. Le seul secteur y échappant est celui de la défense, quoique cela ne soit pas tout à fait vrai : un colloque sera organisée en avril sur la cybercriminalité, le numérique et la sécurité internationale.

L'UNESCO, c'est également les Nations unies à Paris. L'institution, qui appartient au paysage français et parisien, reçoit 22 millions de dollars de cotisation de la part de la France. 20 % de ses employés, dans tous les domaines, sont Français. L'UNESCO est la seule organisation internationale multilatérale dans laquelle le français est une langue de travail qui reçoit le même traitement que l'anglais. Enfin, la présence de l'UNESCO à Paris participe de son attractivité et est source de retombées économiques conséquentes.

La seconde partie du plan d'action dresse mes priorités, qui sont au nombre de trois. La première est l'amélioration de la gouvernance de l'institution. La directrice générale est très francophile et francophone et nous aide beaucoup. Son deuxième mandat se terminant en décembre prochain, se pose la question de son successeur. Comme dans l'ensemble des institutions des Nations unies, l'amélioration du fonctionnement de l'UNESCO est un enjeu majeur, qui nécessite un dialogue structuré. En effet, ses ressources, qui reposent sur les contributions des États membres, sont fragiles et plutôt orientées à la baisse. Il est donc nécessaire de resserrer son action et de faire mieux en dépensant moins.

La deuxième priorité c'est de défendre les dossiers français. J'ai été frappé par le nombre de collectivités territoriales et d'élus locaux qui se tournent vers moi car nous traitons une quantité de dossiers extrêmement importants pour les territoires.

La convention phare de 1972 visait la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel de sites de l'humanité qui doivent être reconnus comme des valeurs universelles exceptionnelles. 37 dossiers sont à ce jour en cours d'examen, dont une dizaine particulièrement « mûrs ». Dans le cadre de la convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, nous soutenons de nombreux dossiers, tel celui des géoparcs, ainsi que toutes les initiatives françaises. En début d'année, nous avons organisé une conférence sur l'aide aux victimes du terrorisme ; la semaine dernière, nous avons parrainé la « semaine du son » et, en avril prochain, se tiendra à notre initiative une conférence sur le numérique, la sécurité internationale et la cybercriminalité.

La troisième priorité consiste à prendre en compte les défis contemporains, nous assurer du respect des pratiques internationales en matière de suivi des victimes des attentats barbares et analyser comment les pays du Nord ou du Sud réagissent à ces événements.

L'UNESCO s'est fixé d'autres défis, comme par exemple, l'application des Accords de Paris en matière de développement durable, dans le secteur des sciences physiques et naturelles le suivi des travaux du programme hydrographique international et de la commission océanographique intergouvernementale. Dans le domaine de l'éducation, ce sont les questions de parité, l'enjeu de la scolarisation des filles, la violence à l'école et la lutte contre l'enseignement de l'intolérance qui nous préoccupent. Sur ces sujets, nous avons présenté une résolution lors du Conseil exécutif du printemps 2015.

Nous formons une petite équipe de sept personnes : quatre diplomates et trois personnels de soutien, installés rue Miollis dans le 15e arrondissement de Paris. Je tiens à attirer votre attention sur le fait qu'une rénovation de nos locaux serait la bienvenue pour en améliorer le fonctionnement et ne pas détériorer l'image attractive de Paris et de la France. Les principaux bâtiments de l'UNESCO, qui datent des années 50, ont été en partie rénovés dans de bonnes conditions, il y a une dizaine d'années, mais l'état de l'annexe est défectueux au niveau de l'installation électrique, de l'isolation thermique, du système de sécurité incendie ou des revêtements amiantés.

La délégation permanente française et la Commission nationale française pour L'UNESCO travaillent en bons termes avec la société civile dans toute sa diversité.

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