La nature des biens classés au titre du patrimoine mondial de l'UNESCO a beaucoup évolué pour intégrer désormais des ensembles de plus en plus hétéroclites. D'où la volonté de mettre en place des plans de gestion plus étoffés que ce qu'ils étaient par le passé pour répondre plus efficacement aux problématiques de gestion qui peuvent se poser. C'est surtout au ministère concerné, en particulier le ministère de la culture et de la communication, d'aider les porteurs de projets pour l'élaboration des plans de gestion.
L'association des biens français du patrimoine mondial, présidée par l'ancien sénateur Yves Dauge, peut aussi y contribuer. Elle regroupe à la fois les biens inscrits sur la liste du patrimoine mondial et les biens candidats et permet à ces derniers de profiter de l'expérience de leurs aînés sur les problématiques de gestion. Il serait utile que ceux qui portent aujourd'hui la candidature du massif du Mont-Blanc, à laquelle Loïc Hervé a fait référence, se rapprochent de cette association. Quoi qu'il en soit, le classement sur la liste du patrimoine mondial est un processus de longue haleine, qui s'étale généralement sur une période de huit à dix ans.
Le projet « Sites funéraires et mémoriels de la Grande guerre » évoqué par Christian Manable a été officiellement déposé à l'UNESCO avant-hier, le 30 janvier. Un travail devrait désormais s'enclencher avec le Centre du patrimoine mondial. Il s'agit d'un dossier particulier, porté conjointement par la France et la Belgique, qui concerne un bien s'étalant sur une superficie de plus de 800 km2. En France, il a été monté en partenariat avec le secrétariat d'État aux anciens combattants, qui est moins familier du classement au titre du patrimoine mondial que ne l'est le ministère de la culture et de la communication. Mais soyez assurés qu'il s'agit d'une priorité pour l'inscription en 2018.
La Vieille ville de Jérusalem et ses remparts figurent, depuis 1982, sur la liste du patrimoine en péril. C'est à ce titre que l'UNESCO émet les résolutions dont Loïc Hervé a parlé. Jusqu'ici, elles avaient toujours été prises par consensus. Or, depuis que la Palestine est devenue membre à part entière de l'organisation en 2011, le groupe arabe tend à instrumentaliser les résolutions portant sur ce sujet pour combattre la politique d'Israël. C'est pour éviter que l'UNESCO ne se retrouve l'otage d'un tel piège que les plus hautes autorités de l'État ont décidé un vote d'abstention de la France. L'UNESCO n'a pas vocation à être le lieu d'expression d'opinions partisanes, faute de quoi ses labels s'en trouveraient ternis.
Comme l'a rappelé Maurice Antiste, la modernisation de l'organisation interne de l'UNESCO est un enjeu majeur. Il existe une réelle nécessité pour l'institution de s'adapter à un monde en mutation rapide et la France soutient ce processus.
Pour répondre aux inquiétudes exprimées par Jacques-Bernard Magner, la France continuera à appuyer fermement la candidature de la chaîne des Puys et de la faille de Limagne. Une réunion est prévue prochainement avec l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pour lever les réserves qu'elle a exprimées. Au-delà de la question politique, c'est bien aujourd'hui sur les aspects techniques qu'il faut travailler.
Sur la question de la préservation du patrimoine dans les pays en guerre, vous comprendrez que l'UNESCO ne puisse pas intervenir aujourd'hui directement sur un site comme Palmyre, alors qu'il se trouve sur la ligne de front. Mais, l'institution centralise les informations relatives aux sites patrimoniaux menacés ou faisant l'objet de destructions et réalise des images en trois dimensions, à l'image de celles que l'on pouvait voir dans l'exposition « Sites éternels » présentée au Grand Palais cet hiver, de manière à permettre la reconstitution à l'identique une fois la paix revenue.
Concernant la succession d'Irina Bokova, huit candidats se sont fait connaître à ce stade - la date limite de dépôt des candidatures est fixée au 15 mars. Quatre de ces candidats sont issus de pays du groupe arabe, ce dernier considérant que le prochain directeur général devrait émaner de ses rangs. Des panels d'évaluation des candidatures seront ensuite organisés à l'occasion de la session du conseil exécutif d'avril. Nous serons particulièrement vigilants, à cette occasion, au caractère francophone des différents candidats : c'est un point important pour nous, sachant que l'actuelle directrice générale est à la fois francophone et francophile. Nous attendons beaucoup de ce que les candidats vont révéler à l'occasion de ces panels : je rappelle que c'est grâce à la qualité de ses prestations lors de telles auditions qu'Antonio Gutteres, qui n'était pourtant initialement pas favori, a obtenu le poste de Secrétaire général de l'ONU. Sur cette base, la France devrait élaborer un classement des différents candidats courant juin. Notre pays n'est toutefois pas seul à décider et le vote final au sein de la Conférence générale se fera en octobre prochain.