Intervention de S.E. M. Mahmoud Abbas

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 8 février 2017 à 9h45
Audition de s.e. M. Mahmoud Abbas président de l'autorité palestinienne

S.E. M. Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne :

Je souhaite que les pays qui s'ingèrent dans les affaires intérieures des pays du Moyen-Orient travaillent à la paix, pas à la guerre ! Il est évident que la conjoncture régionale fait rétrograder notre cause. Elle sert en outre de prétexte à des terroristes, ce qui l'affaiblit également. C'est pourquoi il est si nécessaire de parvenir rapidement à une solution.

Nous entretenons un dialogue avec le Hamas, et nous ne voulons certainement pas une guerre avec lui. Seule une réconciliation pacifique débouchera sur un gouvernement d'union nationale et des élections. Ceux qui remporteront les suffrages prendront naturellement en mains la politique du pays. Le peuple palestinien décidera qui il veut porter au gouvernement. Une chose est certaine : il n'y aura pas d'État palestinien sans Gaza ; et il n'y aura pas un État palestinien à Gaza.

Déficit démocratique ? C'est vrai, nous avons tardé à organiser des élections législatives et municipales, mais cela ne nous empêche pas d'avancer dans la voie démocratique. Elle doit rester notre principe conducteur. Nous n'avons pas tenu d'élections législatives depuis 2006.

Nous l'avons dit à M. Trump : nous espérons qu'il n'y aura pas de transfert de l'ambassade américaine à Jérusalem. Il n'en a pas été question dans le discours d'investiture, donc ne jugeons pas sur des intentions supposées... Toutes nos réactions seront diplomatiques, pacifiques : nous en appellerons à la légalité internationale et à la communauté internationale, aux différentes nations, et jusqu'aux États-Unis !

Nous sommes rassurés par la politique française à notre égard, et désireux que se poursuive la coopération économique, politique, financière, entre nos collectivités. La France nous apporte un grand soutien également dans la quête pour la reconnaissance de notre État.

De Donald Trump, nous attendons seulement qu'il revienne au constat de la vérité. Ses équipes ne savaient peut-être pas tout de la politique internationale, et les premières décisions prises visaient à faire plaisir à certains, je pense au décret sur les migrants. Mais attendons, il faut quelque temps pour que les idées mûrissent. Une délégation palestinienne de haut niveau est en visite aux États-Unis, des entretiens ont lieu avec les responsables politiques - d'autant que nous avons une coopération en matière de sécurité avec les Américains. Nous espérons - comme avec les Britanniques - que le bras de fer cessera.

Et si les Israéliens poursuivent leur colonisation je serai obligé de mettre un terme à notre coopération de sécurité. Si les Américains veulent jouer le rôle d'arbitre, ils doivent considérer non seulement nos erreurs, mais celles d'Israël. Mme Federica Mogherini a prononcé au nom de l'Europe une déclaration très importante, pourquoi s'interdire de penser que les États-Unis pourraient faire de même ? Lorsqu'il y a atteinte à la légalité internationale, une tape sur la main est préférable à un encouragement adressé au contrevenant...

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion