Intervention de Pascal Morand

Commission des affaires économiques — Réunion du 15 février 2017 à 9h30
Audition conjointe de représentants des industries des métiers d'art et du luxe : M. Pascal Morand président exécutif de la fédération française de la couture du prêt-à-porter des couturiers et des créateurs de mode M. Pascal Rousseau secrétaire général de richemont holding france M. Francis Chauveau directeur industriel de puiforcat Mme Bernadette Pinet-cuoq président délégué de l'union française de la bijouterie joaillerie orfèvrerie des pierres et des perles M. Jean Cassegrain directeur général de longchamp

Pascal Morand, Président exécutif de la Fédération française de la couture, du prêt-à-porter des couturiers et des créateurs de mode :

Sans entrer dans un débat sémantique sur le luxe, je précise que nous représentons l'ensemble des marques qui défilent dans la mode, visibles sur la scène internationale, dont l'activité porte sur l'équipement de la personne, par distinction avec l'équipement des lieux, de la maison.

Une étude réalisée par l'Institut français de la mode (IFM) estime que le chiffre d'affaires, dans ce périmètre, atteint 150 milliards d'euros, la valeur ajoutée 36 milliards, 580 000 emplois directs et un million d'emplois indirects - ceci pour les unités résidentes, c'est-à-dire hors unités implantées à l'étranger. Le chiffre d'affaires des groupes exportateurs s'élève à 50 milliards d'euros, et 70 milliards en incluant les entreprises sous contrôle des groupes français. Ces chiffres montrent l'ampleur des enjeux, mais aussi leur dimension de compétitivité.

La fashion week, par exemple, compte dans la stratégie de la place de Paris - l'expression vaut pour notre secteur comme pour la finance, avec des enjeux multiples, par exemple de soft power. Paris est, de loin, la première place mondiale pour la mode. On le mesure à ce que durant la fashion week, la moitié des marques qui défilent sont non-françaises, alors qu'elles sont 13 % à être non-italiennes à Milan, 9 % à être non-américaines à New York et 6 % à être non-britanniques à Londres. L'étude de l'IFM évalue à 400 millions d'euros les retombées de la fashion week, à 800 millions avec les salons qui lui sont liés.

La formation, ensuite, est une dimension décisive, où la compétition internationale joue à plein - comme pour les écoles d'ingénieur, par exemple. Londres a eu une stratégie proactive, intelligente, en valorisant la création et les nouvelles formes de créativité dans leur ensemble, avec les écoles phares comme la Saint-Martin School of art. Nous y travaillons aussi, c'est en particulier le sens de la fusion entre l'IFM et l'école de la chambre syndicale de la haute couture parisienne, qui donnera naissance à la première école du monde pour les métiers de la mode.

La révolution numérique a changé les façons de produire et de concevoir la mode. Les industries du luxe ont eu un rôle précurseur dans les changements apportés à leur chaine logistique ; nous sommes également très liés aux réseaux sociaux, pour les enjeux d'image de marque : ici aussi, une compétition très vive est en cours.

Enfin, si nos entreprises ont des atouts et une faculté hors pair à faire valoir des facteurs de compétitivité hors prix, elles ne sont pas à l'abri des facteurs classiques de la compétitivité, qui jouent dans les choix de localisation industrielle et qui font le quotidien de nos entreprises.

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