Monsieur le sénateur, je rentre effectivement à l’instant d’un déplacement à Berlin, où j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec la Chancelière, le ministre des affaires étrangères et le président du Bundestag, ainsi qu’avec une délégation de parlementaires.
Ces entretiens ont montré que nous avons tous conscience de la gravité du moment historique que nous vivons : la menace terroriste sème l’effroi sur le sol européen et divise les populations, le président des États-Unis se fixe comme objectif de démanteler le projet européen, ce qui crée un nouveau contexte pour les relations transatlantiques, la situation est très préoccupante dans la bande sahélienne, en raison de la dissémination de groupes terroristes et des difficultés que rencontrent les pays de cette zone pour trouver le chemin du développement, de même qu’en Ukraine, nos relations avec la Russie ou avec la Turquie sont délicates.
Bref, les défis auxquels l’Union européenne est confrontée doivent nous conduire à affirmer une volonté commune d’être plus unis et de faire en sorte que le projet européen apparaisse, aux yeux des peuples européens, comme la réponse pertinente pour mettre en œuvre de véritables protections du continent.
Dans cette perspective, nous avons évoqué, avec la Chancelière, quatre protections dont l’Europe a besoin. Leur mise en place doit conduire l’Europe à prendre des initiatives fortes et l’axe franco-allemand à donner l’impulsion nécessaire.
En premier lieu, en matière de protection contre le terrorisme, il faut renforcer le contrôle aux frontières extérieures de l’Union européenne grâce à la montée en puissance de FRONTEX, mener à son terme la réforme du système d’information Schengen, veiller à l’alimentation de ce dernier par l’ensemble des services de renseignement, assurer l’interconnexion des fichiers, de manière à être plus efficaces dans la lutte contre le terrorisme. La protection du continent européen contre le terrorisme constitue la priorité.
En deuxième lieu, nous devons protéger notre modèle social et économique : c’est la question du socle des droits européens, promu par le président Juncker sur l’initiative de la France et de la Commission européenne. Dans cette optique, le détachement des travailleurs, lorsqu’il n’est pas convenablement encadré, conduit à une véritable dérégulation. Nous travaillons à la réforme de la directive de 1996, à la mise en place d’un salaire minimum européen et d’une carte d’étudiant européenne, à la reconnaissance de la mobilité des apprentis. Il s’agit, sur ces sujets importants, de donner de la cohésion et de la force au projet social européen.
En troisième lieu, les États-Unis voulant revoir leur relation à l’OTAN, nous devons faire émerger une défense européenne au travers de la mobilisation du fonds européen de défense. Cela signifie mettre en place une capacité de planification de nos opérations, de projection de nos forces et d’équipement de nos armées.
En quatrième et dernier lieu, nous devons augmenter le financement du plan Juncker, afin de redonner à l’Europe la capacité de mener de grands projets dans les filières d’excellence, la recherche et l’innovation, à l’instar de ce que nous avons déjà accompli avec le programme Erasmus ou Airbus. Il s’agit de redonner aux peuples d’Europe envie de l’Union européenne.
Voilà les sujets que nous avons abordés à Berlin.
Je ne pourrai participer à votre séance de questions d’actualité au Gouvernement de la semaine prochaine, car je serai en déplacement en Chine.