Je n'ai pas dit que toute la lumière avait été faite, mais comment en saurais-je plus qu'un administrateur de l'ANSM ? Cette question met en cause la qualité des experts. J'attire votre attention sur l'existence d'exigences inconciliables qui entraînent une pénurie d'experts. Lors des Assises du médicament organisées par Xavier Bertrand, que j'ai présidées, un intervenant, éminent professeur à Paris, avait d'ailleurs soulevé cette difficulté. La contradiction est surtout sensible en ce qui concerne l'innovation et la recherche de pointe. Les firmes pharmaceutiques ou les laboratoires d'État contactent évidemment les scientifiques les plus proches du concept sur lequel ils bâtissent leur projet. L'avis de ces scientifiques, qui sont dès le départ concernés, même s'ils ne sont pas impliqués, est donc entaché de suspicion. Le dilemme paraît grave. Il existe des experts internes mais ils ne sont pas polyvalents. L'accélération de la recherche, des innovations et des découvertes pose en des termes différents des problèmes pour lesquels on pensait avoir des solutions, le tout sur fond de suspicion. On voudrait profiter du progrès sans en subir le risque. C'est pourtant le prix à payer.