Elle l'était par Christophe Caresche, dans la mesure où il est membre des deux commissions. Cette réunion était une grand-messe : aux cinq ou six délégués par Etat membre et aux trente ou quarante députés européens, s'ajoutaient un grand nombre de membres et de fonctionnaires de la Commission et du Conseil.
Alors que le matin était consacré à une assemblée plénière - ouverte par les discours de plusieurs commissaires et celui d'Othmar Karas, vice-président du Parlement européen -, nous étions, pour l'après-midi, répartis en deux groupes : l'un traitant des hypothèses de croissance économique retenues par la Commission et l'autre du chômage et des questions sociales.
Les commissaires européens aux affaires économiques et au budget ont commenté les perspectives économiques que la Commission va envoyer aux Etats. La réunion a été présentée comme une application de l'article 13, sur le thème : « Vous avez voulu une conférence interparlementaire, vous l'avez ! ». Or, ce n'est pas tout à fait cela. En réalité, les aspects institutionnels ont été peu abordés, les délégations ont surtout parlé des hypothèses économiques et de la situation de leurs pays respectifs.
L'après-midi, j'ai trouvé intéressante l'intervention du très libéral chercheur allemand M. Sinn, président de l'institut IFO de Munich, qui a livré les résultats de son étude sur l'évolution comparée des prix au sein de l'Union européenne : sur les huit dernières années, les prix français auraient crû de 20 à 22 %, tandis qu'ils baissaient en Allemagne dans les mêmes proportions. Face à ce constat, faut-il choisir l'austérité et baisser les salaires de 20% ? M. Sinn a rappelé que ce fut la politique du chancelier Brüning entre 1930 et 1933... Personne ne peut défendre cette option ! Dans ces conditions, estime-t-il, il ne reste qu'une solution : il faut que l'Allemagne laisse évoluer défavorablement pour elle le différentiel de prix avec les pays d'Europe du sud. En dix ans, ce différentiel sera comblé. Ce raisonnement original donne du grain à moudre...
Le sentiment s'est exprimé assez fortement que l'austérité ne suffit pas. Bien sûr, il faut revenir à l'équilibre des budgets, mais également, retrouver le chemin d'une croissance qui fait défaut actuellement. En dehors de quelques pays comme la Finlande, dont la délégation estimait que « ce genre de réunion ne sert à rien et que seul compte l'expression du parlement finlandais, qui vote le budget », cette conférence nous a parue bienvenue, surtout si le message peut remonter à la Commission quand elle prépare ses hypothèses.
Autre remarque : les assemblées françaises, Assemblée nationale et Sénat, gagneraient à être plus actives dans la phase de préparation des hypothèses économiques par la Commission. La commission des finances de l'Assemblée et la nôtre devraient, ensemble, auditionner M. Olli Rehn, ou son représentant, notamment au moment où le gouvernement transmet sa copie, pour savoir ce qu'en pense le commissaire, car c'est avant tout le budget français qui relève de notre compétence. Quelle est sa vision de la France ? Sur quoi doivent porter nos efforts ? Voilà les sujets que nous pourrions aborder. Soyons plus engagés au niveau européen, à la fois pour comprendre ce qui s'y passe et pour y faire valoir nos positions.