Intervention de Vlora Çitaku

Commission des affaires européennes — Réunion du 19 novembre 2013 : 1ère réunion
Élargissement — Audition de Mme Vlora çitaku ministre de l'intégration européenne et de M. Bajram Rexhepi ministre de l'intérieur du kosovo

Vlora Çitaku, ministre de l'Intégration européenne du Kosovo :

En ce qui concerne l'intégration des Kosovars d'origine serbe au Nord du pays, la participation des électeurs au scrutin du 3 novembre est encourageante. Il s'agit d'une première, les élections municipales de 2009 avaient, en effet, été marquée par un boycott du scrutin. La participation au Sud de la rivière Ibar, région où vivent d'ailleurs les deux tiers des Kosovars d'origine serbe est également un signe d'une meilleure implication. Elle franchit en effet dans toutes les municipalités à majorité serbe la barre des 50 %. Le Sud du Kosovo est un territoire qui revêt une importance particulière pour cette communauté, puisque y ont installés la plupart des monastères orthodoxes et des sanctuaires.

Mais revenons au Nord. Cette région se trouvait dans une situation difficile jusqu'à l'accord de Bruxelles du 19 avril dernier. Je le répète, ces difficultés tenaient pour l'essentiel au rôle que la Serbie a pu jouer dans cette région. Aujourd'hui, aux termes de l'accord de Bruxelles, Belgrade est tenue de faciliter l'intégration de la population d'origine serbe au sein du Kosovo.

Nous avons formulé de notre côté une offre à la fois politique et économique généreuse à l'égard de cette partie de la population. Nous avons ainsi créé un Fonds de développement pour le Nord, qui sera abondé par le produit des droits de douanes. Les élections municipales vont par ailleurs déboucher sur la constitution d'une association des communes serbes qui pourra travailler avec le Gouvernement kosovar à l'élaboration de programmes en faveur des habitants d'origine serbe. La minorité serbe dispose déjà, en application de la Constitution, de sièges réservés au Parlement kosovar et de quatre postes au sein du Gouvernement, dont un de vice-Premier ministre. Nous avons cependant parfaitement conscience que l'intégration complète du Nord ne sera ni simple ni rapide.

Au sujet des procédures à suivre pour entrer sur le territoire kosovar, notre État applique déjà les critères retenus pour entrer au sein de l'espace Schengen. Les ressortissants de l'Union européenne n'ont pas besoin de visa et peuvent se présenter aux frontières avec une carte d'identité.

Les indicateurs économiques traduisent, quant à eux, une dynamique relative. Notre pays dispose d'un des taux de croissance les plus élevés dans la région. Sa situation financière est saine, puisque, selon les estimations du Fonds monétaire international, la dette publique représente 5,5 % du produit intérieur brut et le déficit public ne dépasse pas 2 % de ce même PIB. Ces chiffres positifs ne sauraient masquer un chômage très important, 30 % de la population active, population par ailleurs très jeune.

Le Gouvernement kosovar entend faire tout ce qui est possible pour faire baisser ce taux. Cela passe notamment par une amélioration du climat des affaires qui permettra d'attirer les investisseurs. Selon le rapport Doing Business de la Banque mondiale, le Kosovo a accompli d'immenses progrès en la matière depuis un an, qui lui permettent d'être aujourd'hui classé parmi les cinq premiers pays réformateurs au monde.

Cette évolution positive n'a, pour l'heure, pas encore attiré durablement de grosses entreprises françaises. La France participe cependant à certains consortiums, c'est notamment le cas de celui de l'aéroport de Pristina, géré en partie par l'aéroport de Lyon. Nous devons attirer de gros investisseurs français. Cela constitue d'ailleurs une des priorités de notre venue en France cette semaine.

Le Kosovo ne bénéficie pas, à l'heure actuelle, des programmes de l'Union européenne en faveur de la mobilité des étudiants. Nous avions engagé un dialogue avec la Commission européenne à ce sujet il y a cinq ans. Les difficultés politiques que traversait le pays ont conduit la Commission à ne pas concrétiser son intention de vouloir nous ouvrir les programmes. L'ouverture des négociations pour la signature de l'Accord de stabilisation et d'association constitue à ce titre un motif d'espoir. La situation d'isolement dans laquelle nous nous trouvons est assez paradoxale. Ma mère a pu poursuivre sa formation universitaire à la Sorbonne il y a trente deux ans. Ma soeur, mon frère et moi-même avons été dans l'incapacité de suivre le même parcours compte tenu de la situation du Kosovo aujourd'hui. En tout état de cause, il est incontestable que l'accès aux programmes de l'Union européenne représentera un énorme avantage pour le Kosovo.

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