Intervention de Michael Roth

Commission des affaires européennes — Réunion du 6 décembre 2016 à 17h30
Institutions européennes — Audition conjointe de M. Harlem Désir secrétaire d'état chargé des affaires européennes et de M. Michael Roth ministre adjoint chargé des affaires européennes république fédérale d'allemagne

Michael Roth, ministre adjoint chargé des affaires européennes (République fédérale d'Allemagne) :

Vous avez mis en exergue le rôle de la Banque centrale européenne. J'ai une opinion quelque peu traditionnelle sur cette question. En effet, l'Allemagne a tenu à ce que la Banque centrale allemande reste dans ses limites et ne prodigue pas de conseils aux politiques. Je sais que la tradition française diffère sur ce point. Cette question est lancinante pour une grande partie de l'opinion publique. À titre personnel, j'ai également profité des taux d'intérêt bas pour acquérir une habitation, à l'inverse de la génération de mes parents qui devaient honorer des taux d'intérêts importants. Les petites et moyennes entreprises (PME) profitent de la politique des taux d'intérêt bas et ce, à l'inverse des épargnants, qui vivent de leurs placements et qui sont nos électeurs. L'Europe est riche, mais où son argent est-il placé ? Je souhaite qu'au sein de la zone euro, le rapport de l'investissement soit attrayant. Si les taux d'intérêt remontent aux États-Unis, il y a un risque de transfert des capitaux européens. Si nous nous étions engagés plus fortement au niveau politique, la Banque centrale européenne n'aurait pas eu à prendre de telles décisions. Nous sommes, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, dans le même bateau et les banques allemandes sont, sur cette question, responsables également. De nombreuses institutions bancaires n'ont pas agi de manière positive et l'Allemagne a une tradition spécifique reposant sur le triptyque banque privée, banque coopérative et banque d'investissement. Mon gouvernement veille à ce que les contribuables ne paient pas en définitive les risques pris par les banques et que ces dernières ne soient pas mises en danger par ailleurs. Il y a là la possibilité de rendre l'union bancaire plus efficace au niveau européen.

M. le Sénateur Leconte a évoqué un point très important. L'Allemagne et la France n'ont pas comme vocation la domination de l'Europe car l'Union européenne est diverse et il nous faut faire oeuvre de persuasion. L'Allemagne se perçoit davantage comme un médiateur et la construction européenne relève d'un travail d'équipe impliquant la prise en compte des petits États. Il est très difficile pour la France de rendre le triangle de Weimar vivant et nous comprenons vos difficultés avec le Gouvernement polonais, sans évoquer les relations avec la Hongrie ou d'autres pays. Il est important de faire des propositions qui unifient l'Europe et ne la divisent pas. Nous y sommes parvenus dans le passé et c'est ce vers quoi nous devons tendre à nouveau.

L'Allemagne a profité plus que les autres pays de l'Union européenne et je vous fais la promesse que l'Allemagne fera plus pour elle que les autres pays européens.

La question de la subsidiarité, qui est un principe d'application et non d'organisation, est actuellement débattue par la Commission européenne qui est devenue plus politique. Est-il nécessaire d'obtenir une unification de son application à l'échelle de l'Union ? Lorsqu'avec mon homologue, M. Harlem Désir, nous débattons de cette question dans le même Conseil, j'ai l'impression que nous partageons l'objectif que l'Europe ne se concentre que sur les actions et les domaines qui lui incombent en propre. Actuellement, il y a beaucoup moins d'initiatives réglementaires de la part de la Commission qui semble s'auto-restreindre. Nous avons l'obligation de respecter ce principe de subsidiarité et si vous pouvez nous aider à le faire, n'hésitez pas !

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