Ce n'est pas à l'Allemagne de dire si la France a « fait ses devoirs », cela relève du dialogue entre la Commission et la France. L'Allemagne se réjouit que la France fasse tout pour faire redémarrer son économie. Le gouvernement allemand est favorable à la loi Macron qui est engagée devant le Parlement.
- Sur l'approfondissement de la gouvernance de la zone euro, pourquoi pas en effet un ministre des finances pour les pays de la zone ? Il faut réfléchir à un tel modèle de gouvernance commune qui est en effet souhaitable.
- L'Allemagne modèle ? Il existe à cet égard une perception différente en France et en Allemagne. Il n'y a pas de « modèle allemand » pour la France. Ce qui a été fait en Allemagne ne peut pas s'appliquer à la France. Chaque pays de l'Union doit trouver son propre chemin, sans « modèle ». Chacun peut avoir ses « bonnes pratiques ».
- Nos amis polonais sont réservés sur le « format Normandie » concernant la crise ukrainienne, qui s'est formé un peu par le hasard du calendrier lors de la commémoration du 70ème anniversaire du débarquement. Le gouvernement allemand a un dialogue soutenu avec son homologue polonais. M. Tusk a parlé sans doute avec son « coeur polonais »... Il faut néanmoins poursuivre sur le « format Normandie » et continuer d'entretenir le dialogue avec la Pologne.
- Pour ce qui est de la coopération militaire franco-allemande, soyons justes : le Mali a été un cas très particulier. La France a beaucoup de ressortissants dans ce pays ; elle avait des forces positionnées dans la région et son action a été une réponse à une demande du président malien au président français. Au début, la démarche a donc été bilatérale. Pour autant, l'Allemagne a répondu positivement à toutes les demandes de soutien logistique formulées par la France. Sur le financement, plusieurs de nos partenaires de l'Union ont fait valoir qu'une décision unilatérale d'intervention prise par un pays ne signifiait pas qu'il revenait aux autres de payer la facture...
- Sur l'énergie, je rappelle que l'Allemagne a décidé la sortie du nucléaire à l'horizon 2022. Par ailleurs, elle a beaucoup augmenté sa production d'énergies renouvelables jusqu'à un tiers de sa consommation désormais. Le nucléaire n'y représente que 11 % seulement. En Allemagne, 90 % de la société est contre cette source d'énergie mais la décision de mettre un terme à notre énergie nucléaire, prise du jour au lendemain, nécessite une transition structurelle qui conduit l'Allemagne a recourir au charbon. Dès 2014, nous avons déjà réduit nos émissions de gaz à effet de serre dans les limites permises. Il s'agit-là d'un projet et même d'une grande « aventure » pour la société allemande qui, à la différence de la France, ne considère pas l'énergie nucléaire comme une énergie verte. La France a décidé de réduire de 75 à 50 % sa part d'énergie nucléaire à l'horizon 2030, l'Allemagne aura fermé ses dernières centrales nucléaires en 2022.
- L'avenir en matière d'énergie devrait se fonder sur des réseaux communs et aussi le développement de capacités de stockage. L'énergie nucléaire ne permet pas de flexibilité en fonction des pics de consommation, contrairement aux énergies renouvelables qui ouvrent de ce fait des opportunités de coopération entre pays. En Allemagne, les coûts de consommation d'énergie sont élevés mais, grâce à une bonne efficacité énergétique, le niveau de consommation est plus faible qu'en France.
- À titre personnel, je regrette que le projet Alstom-Siemens n'ait pas abouti. Une telle coopération aurait été profitable pour les deux pays et les deux entreprises. Je n'entrevois pas un grand avenir pour Alstom avec General Electric. Dans la mondialisation, nous devons avoir des entreprises plus grandes qu'aujourd'hui.
- L'État allemand n'est pas prêt aujourd'hui à s'engager directement dans un « Airbus énergétique », ni comme acteur dans l'industrie. C'est au secteur privé de s'y engager. Je ne crois pas à un autre « Airbus ».