L'accueil de la Grèce dans la zone euro a-t-il été une erreur ? En tout cas, nous ne voulons pas de « Grexit » ni davantage de sortie « accidentelle » de la Grèce de la zone euro, le « Grexident ». Nous sommes désormais au milieu du gué. Nous devons continuer d'avancer mais il reste beaucoup de travail. Le risque de sortie de la Grèce de la zone euro serait un désastre pour notre Union européenne.
- Sur le coût du travail dans l'agriculture, je suis convaincue qu'il y a là un mythe. En Allemagne, une industrie agroalimentaire très robotisée a été mise en place où le travail ne représente plus que 10 % des coûts totaux. Dans les abattoirs du nord et de l'est de l'Allemagne, ce sont quelque 50 000 animaux qui sont traités quotidiennement... En France, on respecte davantage le bien-être animal et le travail représente jusqu'à 60 % du coût total. Il y a donc des différences de structure. Des entreprises agroalimentaires sont beaucoup plus compétitives qu'en France et cela fait la différence.
- Oui, l'opinion allemande a maintenant une perception négative du projet de TTIP. Heureusement, les négociations sont conduites par la Commission ! Et le gouvernement allemand y est très favorable. Ce traité aurait un impact très positif sur l'emploi et ce serait une grande chance que, grâce à lui, des règles soient établies entre des partenaires qui représentent près de 50 % des échanges commerciaux mondiaux. Il est donc très important qu'un tel projet entre une Union européenne « libre » et des États-Unis « libres » n'échoue pas. Enfin c'est exact, les écoutes de la NSA ont eu une répercussion très négative dans l'opinion.
- Le thème de l'Internet européen figure en bonne place dans l'ordre du jour du Conseil des ministres franco-allemand du 31 mars. Il y a sur ce thème une coopération très étroite entre nos deux pays.
- Il n'y a pas un domaine où la coopération soit plus étroite entre la France et l'Allemagne que la lutte contre le terrorisme. Nos ministres de l'intérieur se sont rencontrés dès le 11 janvier. Les échanges entre les deux ministères se font à 100 %. La confiance est totale et à tous les niveaux.
- En effet, jusqu'à maintenant, le risque de pauvreté est un peu plus élevé en Allemagne qu'en France. En France l'inégalité, en revanche, notamment chez les jeunes, y est supérieure. En Allemagne, tout est fait pour éviter le chômage, quitte à accepter des emplois à salaire très bas. En France, l'approche est différente. Pour les Allemands, le « 1 euro job » n'est pas un emploi, il permet de bénéficier d'autres prestations sociales. Il n'est accepté que comme un tremplin pour un vrai emploi futur.
- Pour l'Allemagne, le SMIC est très difficile. Il n'est pas bien adapté au système allemand où les salaires sont fixés par accord conventionnel ente partenaires sociaux et pas par l'État. Les syndicats allemands étaient hostiles au SMIC en ce qu'il réduisait leur influence sur les accords conventionnels. Mais la chancelière y était favorable. Le SMIC n'a au demeurant aucun impact dans les secteurs exportateurs car il est déjà très inférieur au salaire de base.
- Nous voulons faire l'Europe de la défense ensemble depuis 50 ans. On la souhaite toujours mais elle se fait à tout petits pas et on en est encore très loin. Si nous pouvions développer ensemble des armements, ce serait déjà un grand pas en avant. Peut-être faudrait-il également en changer le nom et parler d'« Europe de la sécurité et de la défense »... Je crois enfin que la coopération concrète entre les armées en Europe est bien plus étroite que celle que laissent supposer les discours politiques.