Intervention de Fabienne Keller

Commission des affaires européennes — Réunion du 7 juillet 2016 à 8h30
Institutions européennes — Relations entre le royaume-uni et l'union européenne : communication de mme fabienne keller

Photo de Fabienne KellerFabienne Keller :

Celle d'avant la mondialisation et les migrations. L'immigration a été au coeur de la campagne pour le « leave » et avec elle, le communautarisme que les gouvernements successifs ont laissé s'installer en Grande-Bretagne. Le vote exprime, de manière confuse, un même rejet de l'épicerie polonaise et du tribunal de la charia, car les deux existent aujourd'hui sur le sol britannique.

L'immigration intra-européenne pose des problèmes d'intendance, faute de logements sociaux, d'écoles et de places dans les hôpitaux. Quant à l'immigration extra-européenne - en particulier celle issue du Pakistan, pays musulman -, elle pose de vrais problèmes d'intégration.

La campagne du référendum a fait l'amalgame entre les deux types d'immigration et accusé l'Union européenne d'être à l'origine des maux d'une immigration importante - le solde migratoire est de plus de 325 000 personnes. Or l'Union européenne n'en est pas directement responsable. L'annonce de la Chancelière Merkel sur l'accueil des migrants et le changement opéré en Allemagne a néanmoins fait l'effet d'un véritable électrochoc. Il est devenu clair que l'Union ne se défendrait pas contre une montée du Sud vers le Nord. Cette crainte a beaucoup joué dans le résultat du référendum.

Les résultats - 51,9 % pour la sortie et 48,1 % pour le maintien - sont assez serrés et reflètent un Royaume-Uni très divisé, où les jeunes s'opposent aux personnes plus âgées, les villes aux campagnes, Londres et sa périphérie au Nord de l'Angleterre, les nord-Irlandais et les Ecossais aux Anglais et aux Gallois, les riches aux plus modestes et les plus diplômés aux sans diplômes. À vrai dire, le référendum a divisé tous les milieux. La question a été destructrice au sein de tous les groupes et l'émotion l'a emporté sur la raison. La réaction écossaise au résultat souligne un paradoxe : l'appartenance à l'Union européenne avait consolidé le Royaume-Uni, une éventuelle sortie pourrait remettre en cause l'unité de l'île.

On peut penser que les Britanniques sont trop attachés à la démocratie pour remettre en cause ce vote et, passé la première stupeur, ils devraient se mettre en ordre de marche pour envisager, avec le pragmatisme qu'on leur connaît, les modalités de la sortie. Ce qui passe inévitablement par une recomposition politique.

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