Intervention de Fabienne Keller

Commission des affaires européennes — Réunion du 7 juillet 2016 à 8h30
Institutions européennes — Relations entre le royaume-uni et l'union européenne : communication de mme fabienne keller

Photo de Fabienne KellerFabienne Keller :

Le Royaume-Uni est-il forcément conduit à mettre en oeuvre le résultat du référendum ? Le référendum a été longuement préparé et a fait l'objet d'un large débat. La Chambre des communes peut-elle aller contre ? Politiquement, ce serait peu conforme à l'histoire démocratique du Royaume-Uni, première démocratie parlementaire au monde. La Chambre des communes contre le peuple, voilà l'enjeu.

Qu'il s'agisse de la Grèce en 1980, de l'Espagne et du Portugal en 1985 ou de l'Irlande du Nord, à la fin des années 90, l'Europe a stabilisé beaucoup de situations. D'un point de vue symbolique, ce référendum est aussi un révélateur de la puissance de l'Union, même si elle n'a ni visage, ni parole, car il nous reste encore à construire une démocratie vivante. Quant aux conséquences économiques, le pragmatisme britannique est déjà à l'oeuvre, avec des signaux forts comme l'abaissement de la fiscalité pour encourager les entreprises à ne pas se délocaliser.

Les traités prévoient que le Brexit ne prendra effet que lorsque le chef du gouvernement britannique l'aura notifié à l'Union européenne, ce qui restera dans l'histoire comme le moment décisif du processus de sortie. Dans l'intervalle, chacun aura le temps de préparer les négociations. Les pays de l'Union européenne ont réagi rapidement, puisque la notification a été le grand sujet du Conseil européen des 28 et 29 juin. La balle est dans le camp du chef du gouvernement britannique.

Sur l'ensemble des votants, 17,4 millions se sont prononcés pour le Leave, et 16,1 millions pour le Remain. Avec 1 270 000 voix de différence, l'écart est franc. Comme l'a dit Jean-Pierre Raffarin, les deux camps sont restés sur leurs positions durant la campagne. Le camp du Leave, très dur sur l'immigration, n'a pas pris en compte les concessions accordées par les États membres. Le camp du Remain s'est concentré sur les conséquences économiques en cas de sortie de l'Union européenne. Bref, c'était un dialogue de sourds.

L'Europe n'a jamais autant progressé que dans les situations de crise. À nous donc de savoir rebondir sur les difficultés pour éviter que les populistes prennent la main. David Cameron n'a pas de majorité absolue. Le populisme monte dans beaucoup de pays européens. Il est essentiel que nous dessinions les perspectives de l'Europe à venir. Un sommet doit se réunir à Bratislava, le 16 septembre. Le couple franco-allemand, les États fondateurs, mais aussi le Royaume-Uni devront lancer des signaux forts. J'ai rappelé à mes interlocuteurs britanniques le magnifique discours pro-européen qu'a prononcé Winston Churchill, en 1949, au balcon de l'Aubette, pour saluer la création du Conseil de l'Europe, en souhaitant que les peuples d'Europe réfléchissent à leur avenir commun. Il est temps d'en revenir à l'essentiel, à la paix et à cet espace commun que nous voulons faire vivre.

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