Intervention de Jean-François Fitou

Commission des affaires européennes — Réunion du 16 février 2011 : 1ère réunion
La situation au kosovo Audition de M. Jean-François Fitou ambassadeur de france au kosovo de Mme Marie-Thérèse Bruguière et de M. Jean-Claude Frécon sénateurs

Jean-François Fitou, ambassadeur de France au Kosovo :

Il m'apparaît d'abord que les deux interventions que nous venons d'entendre reflètent parfaitement la réalité du Kosovo. J'ajouterai que le fait que la délégation française lors des récentes élections ait été la seule à comprendre des parlementaires nationaux a donné à la France, en cette circonstance, un impact plus fort et la presse m'a ensuite longuement interrogé avec un vif intérêt sur nos impressions. Il faut rappeler qu'au Kosovo, la France a essentiellement une influence politique et que notre implication dans le processus électoral a conforté cette influence, grâce, en premier lieu, l'engagement des parlementaires que je tiens à saluer.

Je rends hommage à la réaction mesurée que vous avez montrée à la sortie du rapport Marty et je considère que cette réaction était la plus raisonnable. Enfin, je rappelle que nous parlons du Kosovo aujourd'hui, à un moment donné, c'est un instantané d'une réalité toujours en mouvement.

Jusqu'en septembre 2010, nous semblions être entrés dans une phase de progrès, une spirale relativement vertueuse, marquée surtout par l'avis de la Cour internationale de Justice sur la licéité de la déclaration d'indépendance ; cette spirale a été brutalement interrompue par la démission du Président du Kosovo et par l'enchaînement d'événements qui se sont produits à la suite. Depuis, nous sommes plutôt dans une spirale descendante, qui s'est poursuivie avec les fraudes massives lors des élections de janvier dernier.

A propos des élections et des fraudes qui ont entaché leur résultat, je dois dire que le système électoral lui-même se prête facilement à la fraude, car il est particulièrement complexe : on vote deux fois. On choisit d'abord son parti, puis, dans la liste du parti, on doit cocher cinq noms : c'est ce système préférentiel qui a poussé à la fraude, laquelle s'est déroulée, pour la plus grande part, plus qu'entre partis, à l'intérieur de chaque parti, chaque candidat voulant à toute force figurer dans le petit nombre des élus.

Le rapport Marty a eu un effet considérable sur l'opinion, car il accuse le Premier ministre et, à travers lui, il jette le discrédit sur l'ensemble des institutions. Nous sommes donc entrés dans une phase très critique de l'Histoire du Kosovo. Le rapport de M. Marty, quelles que soient ses conséquences est venu frapper le Kosovo au moment où la question des élections avait déjà plongé le pays dans la crise.

En résumé, je dirai que nous assistons à un changement de génération et qu'une coalition relativement faible va vraisemblablement se mettre en place, qui aura en face d'elle une opposition plus unie. C'est un contexte politique délicat au moment où le Kosovo doit faire face à des problèmes budgétaires, à des choix en matière de privatisation, à des mouvements sociaux et à la préparation de sa candidature à l'Union européenne. Je crains donc que l'année 2011 ne soit chaotique.

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