Intervention de Simon Sutour

Commission des affaires européennes — Réunion du 26 février 2014 à 15h00
Institutions européennes — Politique européenne et situation intérieure de la slovaquie - rapport d'information de m. simon sutour et de mme colette mélot

Photo de Simon SutourSimon Sutour, président :

Ce pays s'affirme sur la scène internationale par une politique étrangère ambitieuse. Il a rejoint l'OTAN en 2004. Il s'implique dans les grands dossiers internationaux et s'engage à l'extérieur, notamment en Afghanistan où il a envoyé plus de 230 soldats, ou en Syrie, où il contribue au démantèlement de l'arsenal chimique.

Située géographiquement au coeur de l'Europe, la Slovaquie accorde une grande importance aux relations avec son voisinage immédiat, en particulier au sein du groupe de Viegrad, où elle retrouve la Hongrie, la Pologne et la République tchèque. Ce groupe informel, créé en 1991, constitue un format souple de coopération. Néanmoins, les relations bilatérales au sein du groupe restent inégales. Après des tensions sur le dossier de la citoyenneté, les relations entre la Slovaquie et la Hongrie, traditionnellement passionnelles, sont en voie d'apaisement. Prudentes dans leur traitement politique de la question des minorités, les autorités slovaques refusent de reconnaître l'indépendance du Kosovo. La Slovaquie soutient fermement la politique d'élargissement de l'Union européenne, dans les Balkans occidentaux et à l'égard de la Turquie. Elle est également très favorable au développement du Partenariat oriental, tout en entretenant avec la Russie des relations pragmatiques.

La Slovaquie figure aujourd'hui dans le « noyau dur » de l'Union européenne et compte parmi les États membres les plus favorables à l'intégration. Le 1er mai prochain, elle fêtera le dixième anniversaire de son adhésion à l'Union européenne, qu'elle avait rejointe à l'issue d'un référendum ayant accordé plus de 92 % au « oui ». Elle appartient à l'espace Schengen depuis décembre 2007. Elle est le seul membre du groupe de Viegrad à avoir rejoint la zone euro, depuis le 1er janvier 2009. Elle a incontestablement vécu ces étapes comme un signe de son appartenance à l'« élite » de l'Union européenne, dont elle exercera la présidence tournante, pour la première fois, au second semestre 2016. L'attribution à Koice du statut de capitale européenne de la culture 2013, avec Marseille, a contribué à accroître la visibilité de la Slovaquie en Europe. État membre « modèle », le pays entend participer au débat sur l'avenir de l'Europe, comme en témoigne la politique européenne claire et lisible de Robert Fico.

La crise économique a ramené les Slovaques, initialement « euro-optimistes », voire « euro-enthousiastes », à plus de réalisme. Lorsqu'il leur a fallu contribuer au plan d'aide pour la Grèce, ils ont pris conscience, de façon sans doute un peu brutale, de l'influence de la législation communautaire dans leur vie quotidienne et des conséquences de la solidarité européenne. Le sentiment pro-européen de la population a sensiblement diminué, passant de 65 % en 2009 à moins de 50 % depuis la fin 2012. L'opinion publique slovaque reste néanmoins l'une des plus pro-européennes. Elle a davantage confiance dans les institutions européennes que dans les institutions nationales, judiciaires en particulier. En janvier dernier, 59 % des personnes interrogées voyaient la monnaie unique de manière positive, légèrement plus qu'en novembre 2013. Même les partis politiques euro-sceptiques ne se prononcent pas en faveur de la sortie de l'Union européenne, mais contre l'approfondissement de l'intégration et pour une plus grande application du principe de subsidiarité.

En intégrant l'Union européenne et la zone euro, la Slovaquie a accéléré son développement économique. Le niveau de vie de sa population a augmenté, en dépit d'un creusement indéniable des inégalités sociales. Le pays bénéficie de la solidarité européenne. Il a reçu 11,63 milliards d'euros au titre des fonds de cohésion sur la période 2007-2013 et fait partie des bénéficiaires nets. Cette dotation est en hausse pour le cadre financier 2014-2020, à 13 milliards d'euros, malgré de sérieuses difficultés d'absorption de ces crédits - problème récurrent que l'on retrouve dans d'autres États membres... Ces fonds européens représentent 75 % de l'investissement public dans le pays.

Sur de nombreux dossiers européens, le gouvernement slovaque défend des positions proches de celles de la France. C'est le cas des mesures en faveur de la croissance et de l'emploi, notamment celui des jeunes, et du développement de la dimension sociale de l'Union économique et monétaire. Le gouvernement slovaque est partisan d'une meilleure coordination des politiques macroéconomiques dans le cadre du semestre européen, d'une mise en place rapide de l'union bancaire et du principe d'un budget de la zone euro ; il est favorable à une réforme des ressources propres. Dans la politique de sécurité et de défense, il a apporté son soutien politique à la mission EUFOR en République centrafricaine. Le voyage officiel du Président de la République en Slovaquie, le 29 octobre dernier - le premier d'un chef d'État français depuis l'indépendance du pays -, a été l'occasion de conforter nos relations bilatérales par la signature d'un nouveau plan d'action déclinant, pour les années 2013 à 2018, le partenariat stratégique conclu en 2008.

J'avais sympathisé dans les réunions internationales avec le très jeune président de la commission des affaires européennes du parlement slovaque - il est né en 1979. Il souhaitait notre venue. Je crois que nous avons bien fait de nous rendre sur place, confortant à notre niveau les bonnes relations entre nos deux Etats. Notre voyage a sans doute été trop rapide, dans ce pays que ses particularités culturelles et historiques rendent proche de la France.

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