Intervention de Aymeri de Montesquiou

Commission des affaires européennes — Réunion du 19 mars 2014 à 15h05
Institutions européennes — Débat préalable au conseil européen des 20 et 21 mars 2014

Photo de Aymeri de MontesquiouAymeri de Montesquiou :

MM. Bizet et Gattolin ayant excellemment parlé des problèmes d'environnement, je me bornerai à observer, sur ce sujet, que l'Allemagne exporte beaucoup vers la France, notamment sa pollution, et ce de manière en quelque sorte délibérée, dans la mesure où nos voisins ont choisi de privilégier les centrales à charbon et au lignite, plutôt que le nucléaire, pour produire de l'électricité : on en voit les conséquences aujourd'hui !

Pour ce qui est des engagements de la France à l'égard de la Commission en matière budgétaire, je crois que nous nous demandons tous avec inquiétude comment ils pourront être tenus. Le 15 avril est une date importante à cet égard : le Gouvernement annoncera alors la baisse de certaines dépenses publiques. Ma question sera simple : où, quand et combien ?

En ce qui concerne l'Ukraine, l'Union européenne, en particulier son haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a une part de responsabilité dans la situation actuelle. Je vais m'en expliquer.

Lorsque l'on représente son pays ou l'Union européenne sur la scène internationale, il faut un minimum de culture. Chacun sait que, au Xe siècle, l'Ukraine a été le berceau de la Russie. Par ailleurs, il s'agit d'un pays hétérogène : sa partie occidentale est catholique et a appartenu successivement à la Lituanie, à la Pologne ou à l'empire austro-hongrois, tandis que sa partie orientale est orthodoxe et russe depuis trois siècles. Par conséquent, il me semble effrayant, consternant que l'on puisse considérer la situation actuelle de manière globale, sans la moindre nuance !

En outre, l'Union européenne a laissé entendre - sans le formuler explicitement, puisqu'elle ne le veut pas - qu'il existait une possibilité d'admission de l'Ukraine en son sein. En tout cas, les Ukrainiens de l'Ouest ont compris qu'ils rejoindraient l'Union européenne d'ici à quelques années. Ce quiproquo est absolument désastreux !

Par ailleurs, j'ai été stupéfait de voir Mme Ashton se faire photographier aux côtés de M. Oleg Tiagnibok, dont l'inspirateur est M. Stepan Bandera : les plus âgés d'entre nous se souviennent sans doute des affiches que l'on pouvait voir à Paris, dans les années cinquante, montrant ce personnage qui a tout de même coopéré avec les nazis pendant la guerre germano-soviétique. J'ajoute que M. Tiagnibok a été vu exécutant le salut nazi sur une estrade... Il me semble tout à fait effarant et inadmissible que la personne qui représente l'Union européenne prenne de tels risques !

Les Russes considèrent, à tort, que l'Ukraine est toujours un de leurs satellites, mais il faut que nous nous convainquions qu'il s'agit bien, pour eux, d'un pays différent des autres, pour des raisons à la fois affectives, historiques et économiques : affectives, parce que c'est le berceau de la Russie ; historiques, parce que, depuis trois siècles, l'Ukraine est russe ; économiques, parce que, sans la Russie, cet État se trouve privé de ressources énergétiques. Or tous ces éléments ont été totalement ignorés, ce qui me semble extrêmement grave.

En l'occurrence, l'Union européenne se comporte comme le petit caniche de la secrétaire d'État adjointe américaine, Mme Nuland, qui a résumé ainsi la position des États-Unis à l'égard de l'Union européenne : « Fuck Europe ! » C'est très clair : les États-Unis veulent une Europe faible, et ils considèrent que la Russie est toujours l'Union soviétique, les tentatives pour faire entrer la Géorgie et l'Ukraine dans l'OTAN en étant la meilleure démonstration.

Certes, le référendum qui s'est tenu en Crimée ne s'inscrit pas dans la légalité, mais ce n'était pas davantage le cas de celui qui a été organisé au Kosovo.

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