Intervention de Thierry Repentin

Commission des affaires européennes — Réunion du 19 mars 2014 à 15h05
Institutions européennes — Débat préalable au conseil européen des 20 et 21 mars 2014

Photo de Thierry RepentinThierry Repentin :

ministre délégué. Mais, dans une négociation internationale, donc en matière diplomatique, nous devons nous reposer sur le droit international. On ne peut résoudre les problèmes en tenant uniquement compte de raisons affectives ou historiques. En l'absence de références de droit international avalisées par tout le monde, on referait le monde sans arrêt !

Même s'il y a un appétit d'une partie de telle ou telle région de l'Ukraine - et je ne veux pas en citer d'autres que la Crimée -, ce n'est pas à nous, me semble-t-il, ni à l'Union européenne de dire au pouvoir ukrainien ce qui est bon pour lui.

Je veux vous rappeler, monsieur le sénateur, avec toute la considération que j'ai pour vous - je sais que vous connaissez excellemment cette partie du monde -, qu'un accord politique a été signé le 21 février. On ne va pas me dire qu'une pression venant de je ne sais quelle autorité internationale s'est exercée sur le président de l'époque, légitimement élu, le poussant à signer cet accord politique, ratifié par la Rada dans le contexte que l'on connaît.

Cet accord porte sur cinq points, qui tracent l'avenir de ce pays : tenue d'élections présidentielles avant la fin de l'année - aujourd'hui fixées au 25 mai -, élaboration d'une nouvelle constitution, mise en oeuvre de dispositions visant à favoriser le climat d'amnistie - notamment à l'égard de certains manifestants responsables de violences -, instauration de nouvelles lois garantissant que chacun pourra voter, voire être candidat, ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui.

Ces engagements ont été pris par M. Ianoukovitch et les trois porte-parole de l'opposition, en présence de trois ministres des affaires étrangères et d'un représentant de la Russie. Tout cela s'est fait librement. Il s'agissait d'ailleurs, à mon sens, d'une sortie par le haut (M. Aymeri de Montesquiou opine.), que l'on doit saluer. Notre responsabilité est de nous assurer que cet accord, aujourd'hui reconnu, pourra trouver un aboutissement d'ici au 25 mai.

Que la représentante de l'Union européenne ait été photographiée en compagnie de personnes peu recommandables, c'est une autre question. Peut-être moi-même ai-je été ainsi photographié sans m'en rendre compte, et à mon corps défendant, en rencontrant des responsables politiques ou des manifestants ukrainiens ! Ce risque est grand lorsqu'on ne connaît pas personnellement les personnes concernées et que l'on rencontre cinquante interlocuteurs en deux jours. Au reste, lors de mes déplacements, je demande moi-même à mes collaborateurs : « Êtes-vous sûrs que je peux serrer la main à tel ou tel personnage ? » On peut facilement se laisser prendre au piège !

Par ailleurs, il faut évidemment tenir compte de l'histoire de l'Ukraine. C'est pour cela que nous avons invité M. Iatseniouk à constituer un gouvernement d'unité nationale, dans lequel toutes les minorités seraient représentées. Cela explique aussi que nous ayons immédiatement réagi lorsque, dans l'euphorie, la Rada a voté un texte de loi, à nos yeux totalement inopportun, au sujet de la langue russe.

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