Intervention de Thierry Repentin

Commission des affaires européennes — Réunion du 19 mars 2014 à 15h05
Institutions européennes — Débat préalable au conseil européen des 20 et 21 mars 2014

Photo de Thierry RepentinThierry Repentin :

ministre délégué. Toutefois, on le sait bien, les révolutions donnent parfois lieu à de telles erreurs ! Nous avons souligné que cette décision était déraisonnable. Nous l'avons indiqué, nous souhaitons que l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe déploie le plus vite possible des observateurs dans toute l'Ukraine, pour vérifier qu'aucune minorité, russe, tatare ou autre, ne se sent menacée par le nouveau pouvoir. Nous devons être en mesure de donner des gages à tous, à la communauté internationale et, notamment, à la Russie. Nous devons nous assurer que nul n'est poursuivi au prétexte qu'il n'épouse pas le projet politique aujourd'hui défendu par les autorités de Kiev.

À mes yeux, en pareil cas, il faut s'en tenir au droit international. Sinon, nous ouvririons la porte à toutes les dérives, et ce dans toutes les parties du monde.

Monsieur de Montesquiou, je comprends la sensibilité particulière qui vous conduit à pointer du doigt certaines maladresses. Néanmoins, les plus grandes maladresses ont peut-être été commises par des gouvernements qui n'ont pas voulu jouer le jeu de réelles discussions en vue d'aboutir à un accord politique !

Au demeurant, j'ignore s'il n'y a pas, en la matière, une part de jeu personnel : M. Poutine songe sans doute à sa stature, à la place qu'il occupera dans l'histoire de la Russie.

Ces enjeux sont extrêmement complexes. Je ne ferai pas de grandes déclarations publiques. Notre devoir est de maintenir le dialogue.

Mesdames, messieurs les sénateurs, vous l'avez noté, l'Union européenne souhaite répondre à cette situation de manière unanime et avec fermeté. Mais le pire des scénarios serait la rupture des discussions, y compris avec les autorités russes. Voilà pourquoi nous préservons le dialogue ! (M. Aymeri de Montesquiou manifeste son scepticisme.) Je vous l'assure, monsieur de Montesquiou !

À cet égard, je loue le sang-froid dont font preuve les nouvelles autorités ukrainiennes. Contrairement à certains précédents - je pense, par exemple, à la Géorgie -, elles ne se sont pas précipitées vers une action militaire. On sait où cette politique a conduit la Géorgie.

S'agissant du Kosovo, je rappelle tout de même que le processus d'accession à l'indépendance a été engagé plus de dix ans après l'effondrement de la Yougoslavie, au terme d'une guerre et, qui plus est, dans le cadre d'une résolution des Nations unies. Le cas que nous évoquons à présent est trop complexe pour permettre de telles comparaisons.

Enfin, je dirai quelques mots des forces d'appui en Afrique. L'Union européenne n'a pas encore mobilisé le contingent que Mme Ashton avait annoncé et que nous espérions. Ce sujet a fait l'objet d'une discussion hier encore, à laquelle j'ai pris part au côté d'Herman Van Rompuy. Ce dernier a rappelé un certain nombre de pays à leurs responsabilités. En effet, plusieurs États se sont engagés à intervenir aux côtés de la France et des nations africaines, au titre des forces de gendarmerie, de la protection de sites ou des services médicaux. Je songe à l'Estonie, à la Finlande, à l'Espagne ou encore à la Géorgie - ce pays a exprimé le souhait de participer, même s'il n'appartient pas à l'Union européenne -, à l'Allemagne, au titre de l'évacuation sanitaire, ou encore à la Lettonie. Les négociations progressent.

En conclusion, qu'il s'agisse de la situation ukrainienne, de la question de l'énergie ou de l'Afrique, je constate que nous plaidons tous pour qu'il y ait davantage d'Europe et davantage d'intégration européenne !

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